Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 juillet 2019 6 20 /07 /juillet /2019 08:49

BON PRONOSTIC

 

                    Temps radieux, juste le bon ensoleillement, aucun soupçon de canicule pour la journée. Les enfants sont arrivés (j'annonce ça comme s'ils étaient toute une troupe, je devrais bien m'entraîner à relativiser), on va découvrir un nouveau petit restaurant dans les parages (on peut donc encore espérer), l'assistante ménagère provisoire m'a quittée sans bobo ni d'un côté ni de l'autre, l'agence vient de me rapporter ses clés,  j'ai donc fait changer mon verrou pour rien mais les phlox commencent à balancer leurs grappes multicolores sans souffrir trop de la sécheresse (je les arrose avec un petit arrosoir, c'est moins voyant qu'au jet, lequel est strictement interdit depuis déjà des semaines), les chats se sont installés chacun sous son buisson attitré et ont disparu pour la journée, bref tout baigne (sans la moindre goutte d'eau depuis mai...). Les annonces prophétiques de la reprise caniculaire ne portent que sur les jours à venir, je peux donc espérer garder quelque peu le poil de la bête que j'ai repris avec la descente provisoire du thermomètre avant de sombrer de nouveau dans la Zombie la plus morne et la plus stérile. Carpe diem! me souffle Horace. Tu as raison, vieux frère, je vais profiter du jour tant qu'il fera un peu frais.

Partager cet article
Repost0
19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 11:03

LAURE A L'OEUVRE, chapitre F, pages 49 à 52

 

(Vendredi 19 juillet)

 

 

CHAPITRE  F

 

 

La prestesse avec laquelle elle avait embrayé, une fois qu’il l’eut bien persuadée qu’elle pouvait encore, qu’elle devait même écrire un livre qui serait peut-être un grand livre, l’avait médusé. Il avait certes posé des jalons sur ce terrain dangereux, il ne voulait pas, lui le nouveau venu dans cette atmosphère de création et d’écriture, s’amener avec de gros pataugas sans avoir perçu qu’il les faisait pénétrer dans un monde particulier – oui, c’était peut-être là que les anges craignaient de poser le pied, comme disait Pope – et en traitant les choses jovialement, comme se ferait une transaction, comme se déciderait un achat ou une vente. Il avait pour elle une telle vénération intellectuelle que, même en tâchant de faire abstraction de ce qu’il lui devait pour un hébergement qui ménageait si bien son amour-propre, c’était l’écrivain et non la femme qu’il s’évertuait à ne froisser ni par les dires ni par les sous-entendus. Il marchait sur des œufs dès qu’il était question d’elle, de ce qu’elle avait écrit, de ce qu’elle pensait de la littérature, car une ou deux fois il avait senti au passage, au hasard d’une réflexion anodine dont il n’avait sans doute pas mesuré la portée sur sa sensibilité à elle, qu’elle – comment dire ? non pas qu’elle se hérissait, même sans ajouter le moindre commentaire, mais qu’elle se figeait, juste au bord de la fermeture, arrêtée en plein envol et comme rappelée sur terre. Il tremblait devant ce risque, et heureusement il croyait avoir du tact, car ç’aurait été abominable de ne pas savoir où s’installer avec elle : ni distance ou froideur, ni proximité trop vite acceptée comme allant de soi, qui jouxterait avec imprudence une familiarité faisant trop peu cas  de ce qu’elle représentait de précieux, de singulier. D’unique peut-être même.

          Il ne s’agissait pas de poser au donneur de conseils, même si sans doute elle était mûre pour écouter ses avis avec intérêt et sans jamais la moindre condescendance – du moins ne s’en était-il jamais aperçu, mais elle relevait du modèle direct, qui fonçait quand il y avait lieu (je suis taureau, lui avait-elle déjà dit une ou deux fois) et qui ne se dérobait jamais sous une apparence pour penser d’autre manière. Non, il ne s’agissait pas d’autre chose que de lui prêter son coup d’oeil si elle le demandait pour changer d’angle. De livrer sa réaction toute crue si elle la sollicitait à propos d’un projet, d’une idée qu’elle avait envie de défendre, voire au sujet d’un ouvrage déjà écrit et publié, auquel elle souhaitait apporter un approfondissement, une nuance, un complément. Elle ne s’était pas limitée, comme il l’avait craint les premiers jours, à quelques entretiens à bâtons rompus sur les œuvres comme elles venaient, s’arrangeant pour vérifier mine de rien s’il était bien le lecteur ardent qu’il prétendait être, puis se lassant d’une connaissance superficielle (sérieuse, appliquée sans doute, mais sans la moindre étincelle de compréhension profonde, de subtilité frémissant dans les arrière-plans, d’inspiration dans la pratique de la lecture). Si elle lui avait fait passer des examens sans en avoir l’air, tout en finesse et sur les terrains les plus variés, il avait dû les passer de manière convenable, car les entretiens, loin d’avoir cessé, avaient pris une régularité et une aisance qui équivalaient à une vitesse de croisière.

          C’était devenu leur pain quotidien et apparemment ils s’en réjouissaient autant l’un que l’autre, sans avoir besoin de le faire remarquer. Chaque jour il apprenait quelque chose d’elle, quelque chose qu’il avait deviné à travers ses livres et ses personnages, et qu’il vérifiait à présent de près, sur le vif ; et il pouvait voir comme se solidifiait  le lien qu’elle avait toujours entretenu avec des créations littéraires qui tenaient toutes tellement d’elle. Comme s’il lui avait été impossible  d’inventer une créature en dehors de ses références personnelles, en dehors de ce courant de vie qui bouillonnait en elle en se régénérant sans cesse, en dehors de la présence, encore  à extirper, du matériau instable auquel son verbe allait donner forme. Et elle, par-delà ce qu’il devinait d’elle, s’ouvrait davantage, plus du tout sur ses gardes ou précautionneuse, l’ayant de toute évidence jugé  assez digne de confiance pour lui parler, voire assez digne d’intérêt pour l’écouter. Il avait perçu cette évolution de leurs rapports, cette progressive acceptation d’une installation sans doute insolite dans un domaine sélect assez fermé. Il avait même découvert chez elle comme une imperceptible relaxation des défenses, comme un abandon de la roideur des hiérarchies. C’est pourquoi il s’était enhardi, la tripe coincée par l’émotion, à lui faire admettre qu’elle devait reprendre l’écriture. Qu’il l’attendait. Qu’on l’attendait.

           N‘attendait-elle, au fond, que cette invite  venant de quelqu’un en qui elle s’était mise à croire ? Après la réaction mécontente, presque horrifiée, devant la proposition, après quelques moues, quelques protestations mal articulées et qui faiblissaient visiblement jusqu’à atteindre une phase d’immobilité qui avait duré quelques minutes, comme si elle avait tenu à  faire s’écouler hors d’elle une incrédulité l’empêchant de juger sainement du problème,   elle avait laissé son visage se détendre, elle avait même laissé ses lèvres esquisser une ombre de sourire qui ne demandait qu’à se fortifier, et cela lui avait donné un air de petite fille à laquelle on a promis une surprise sans pouvoir se retenir de la dévoiler sans attendre. Son regard flottait au loin, non perdu dans le vide comme parfois, éclairé par en dedans au contraire, contemplant déjà de ces choses interdites soudain mises à sa portée. Vous croyez ? Vous croyez vraiment que ce serait possible ? Elle n’en était même déjà plus à attendre une confirmation, elle partait déjà. Elle était presque déjà partie.

          Sa sérénité, à partir de là, avait pris une coloration plus lumineuse. Nul doute qu’à peine lâchée l’imagination allait se reporter avec délices dans ce passé fécond. Peut-être alors, lui qui se trouverait à la source, juste à la naissance du souvenir qu’elle lui présenterait dans sa forme finale, pourrait-il récolter de précieuses glanes sur cet élan irrésistible qu’elle traduirait par l’écriture. En quelque sorte, sans avoir par son initiative gagné du poids à ses yeux, donc sans se juger autorisé à trop poser de questions, il pourrait lui faire comprendre combien il aimerait avoir quelque vue sur sa manière de faire, sur cette alchimie qui ferait passer une image ou une réminiscence floue, extraite du fond de limbes amorphes, au stade présentable d’idée douée de forme, d’allure, de couleur, peut-être de son ou de parfum. Certes elle ne lui donnerait pas de recette – elle ignorait sans doute le premier mot de son fonctionnement personnel, qui aboutissait à ses créations, à ses créatures, à son style – mais ils pourraient en discuter, elle y consentirait plus volontiers maintenant qu’il s’agirait d’une mise aux mots (par elle et en quelque sorte sur sa demande à lui Vuk, ce qui établirait entre eux une espèce de complicité) du  matériau qui sans lui serait resté enfoui aux oubliettes. Il avait soif de ce qu’elle pourrait lui dire.    De tout ce qu’il avait thésaurisé jusqu’alors en l’écoutant, il avait tellement aimé sa manière d’évoquer sa dépendance de l’écrit, son amour du mot à articuler avant de le fixer à sa place dans une phrase, son instinct de l’écouter d’abord, de l’entendre en elle sonnant et résonant, d’en soupeser la force – il avait fini par penser qu’elle se servait mentalement et sans le savoir de cet « Aperçu avant Impression » dont il n’était pas sûr du tout qu’elle connût même l’existence, mais peut-être que si après tout, et c’était la même phase du processus aboutissant à la forme définitive : on essayait d’abord, elle essayait d’abord, elle goûtait elle écoutait elle soupesait elle évaluait - elle gardait elle transcrivait mais au niveau des cellules agissantes elle avait partagé le goût de la chose avec tout son système sensoriel, de quoi se sentir épanouie d’avoir bien agi.

          Il avait bien déjà tenté de voir comment fonctionnaient les souvenirs dans Le Miel de l’Aube, cette porte par laquelle il avait pénétré dans son domaine – et pas seulement dans son domaine, mais bien aussi un peu en elle-même, en sa personnalité d’adolescente qui dessinait avec netteté, presque avec rigueur, ce que la femme serait plus tard. Mais ce Je qui gouvernait tout le livre, qui donnait l’angle de vision et, pratiquement, l’âge, schématisait le processus. Il s’agissait d’un album de photos, de saynètes, d’incidents, de réflexions, il y avait donc une sorte d’empoignade directe, de corps à corps en toute franchise avec l’élément décrit. Comme si elle l’avait sorti d’une vitrine où il était enfermé avec les autres, chacun son tour à son heure dans sa coloration spécifique, elle respectant l’étiquette qui précisait la fonction et l’endroit où il faudrait le disposer, dans quel cadre, selon quelle lumière. Une mise en place voisine de l’insertion des pièces d’un puzzle sans grande difficulté, les lignes et les couleurs se chevauchant aimablement, les dessins s’enchaînant sans complications raffinées, le thème principal et les sujets annexes aisés à faire découler l’un de l’autre… Comme s’il s’agissait de l’Histoire, qui contrôlerait si on déviait de la vérité. Comme si le Je d’abord librement choisi puis peu à peu maître de la situation engageait des responsabilités, hésitait devant l’ornementation ou même tout simplement devant la moindre déviation qui changerait le caractère du fait   avant de le transformer en récit. Du souvenir tout nu ne pourrait mentir, et par conséquent l’imagination n’aurait pas le même rôle, la même activité et bien entendu pas non plus la même liberté dans la mise au net de ces souvenirs-là…

         

                                                                                                      (à suivre)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LAURE A L'OEUVRE, Chapitre F, pages 53 à 56

 

(Vendredi 28 juillet)

 

Chapitre F

 

 

          La naissance, puis la mise au net d’autres souvenirs non dès le départ corsetés par le formatage historique étaient d’une autre nature. C’était cela qu’il souhaiterait tant approfondir avec elle, au terme d’une enquête sans doute à bâtons rompus mais où il s’arrangerait pour conserver une ligne directrice visant à lui faire préciser, si possible c’est-à-dire si elle le pouvait et si elle le voulait bien, au bout de quel cheminement le souvenir pouvait se considérer comme écrit. Si lui Vuk par exemple repensait à la Serbie – à des souvenirs de   ses trois premières années où sa mère n’apparaissait pas puisqu’il ne l’avait pas connue, où sa grand-mère Zora constituait son quotidien et son horizon et où le corps de son père baignant dans son sang en travers du seuil de la maison servait de conclusion – il   revoyait ces bribes comme si elles avaient été découpées dans

un catalogue, avec la petite cuvette bleue où la grand-mère lavait ses genoux ensanglantés lorsqu’il était tombé sur le chemin, mais il ne revoyait pas le chemin ni même la maison de l’extérieur, et il avait l’impression que ces images avaient été fixées une fois pour toutes, qu’il pouvait les contempler à volonté sans en ressentir la moindre émotion. Il n’avait bien entendu pas eu l’occasion d’en  faire un récit, mais il savait bien qu’au cas où il devrait narrer ce souvenir il n’aurait pas à le tirer des profondeurs d’une activité secrète de                    l’imagination comme à peu près tout ce qui, à travers ses mots à elle, sortait d’elle pour vivre sa vie indépendante. Non,  il ne participerait pas le moins du monde à cette métamorphose de l’impalpable en du texte, il le savait, et c’était pourquoi il comptait avec tant de ferveur sur les réponses qu’elle donnerait à ses questions. Si d’ailleurs il osait lui en poser : il gagnerait peut-être tout autant à juste l’écouter, une fois lancée dans l’un de ses monologues à mi-voix où au fond elle s’adressait à elle-même, le regard perdu par la fenêtre dans les nuances du ciel sans probablement même les percevoir, tant elle serait tournée vers l’intérieur, tâchant de démêler pour son propre compte la dynamique secrète qui l’amenait à   écrire.

          Il  savait déjà qu’elle serait intarissable, toujours disponible sur ce sujet, et il se sentait heureux d’être accepté comme partenaire de discussion, même s’il devait se trouver en fin de compte réduit à la simple écoute – et il devrait faire attention à ne pas casser le fil de ses explications qui n’en seraient pas, naturellement, qui seraient bien plutôt des divagations à peine construites mais sans cesse inspirées, qui couleraient d’elle sur le ton relaxé, pas du tout le ton didactique qu’elle avait dû avoir autrefois sous sa première casquette. C’est que les enjeux n’avaient rien de commun : il lui fallait convaincre, naguère, enseigner, déverser des connaissances - amener autrui à réfléchir, à trouver son tempo de pensée, à acquérir son autonomie intellectuelle. Rien de pareil à présent, où l’interprétation des mystères de l’écriture s’assumait d’instinct, indéfiniment recommencée, toujours à refaire, prolongeant le bonheur d’écrire d’une évaluation de sa démarche. Et, il l’espérait férocement,  dans le partage des trouvailles et des mises au point qui empêcherait l’autre – lui, et d’un – de mourir idiot.

          Y avait-il réellement une frontière pour elle entre ses diverses zones d’activité mentale ? Ce qu’il aimait en elle, précisément, c’était (bien entendu mis à part le fonctionnement comme femme au foyer, se lançant avec une sorte de violence dans la cuisine ou la pâtisserie  quand elle s’en estimait privée, et c’était de son fait, d’où la promptitude  soudaine et brutale avec laquelle elle tâchait d’effacer ses frustrations) c’était qu’elle paraissait se déplacer avec son biotope, le livre le texte la phrase l’écriture la femme, et donc on était presque toujours assuré, par quelque bout que se fît le contact,  de se retrouver en milieu littéraire. Elle représentait à elle seule une sorte de continuum esthétique un peu surréaliste qu’elle ne défendait pas obstinément contre les tentatives d’appropriation, au contraire elle se laissait  sans rejet contacter, amener à la parole, au partage de sa réflexion incessante sur la nature de l’inspiration ou le fonctionnement de l’imagination .

          Elle allait repartir intrépidement à la chasse aux souvenirs, aux émotions, aux rêves. Il se sentit bonne conscience d’avoir déclenché chez elle, non pas un refus inébranlable qui eût pu parfaitement se produire, mais cette ouverture à l’inédit qui lui redonnait d’emblée (il l’avait vu lorsqu’elle était allée se coucher le même soir, bouleversée et déjà en piste, déjà partante) une énergie renouvelée, une espèce de nouvelle jeunesse. Cette écriture immédiate qui semblait devoir obéir à ses suggestions à lui Vuk allait se développer en quelque sorte sous ses yeux, si elle ne cachait pas trop sa copie comme les gosses de primaire avec leur bras replié et en penchant le buste sur leur page. Elle lui permettrait de regarder, elle parlerait, il écouterait, il se remplirait de ce qu’elle lui dirait. Ce serait bien autre chose que des miettes qu’il récolterait ainsi…

           Certes elle avait déjà exploité la masse d’éléments qu’une longue existence avait rassemblés  et mis à sa disposition, mais, plus qu’elle encore, il était persuadé qu’elle en récupérerait une réserve, laquelle serait éventuellement inépuisable. La moindre image serait si nécessaire examinée, mais sans même en arriver à ce niveau d’élaboration Laure retiendrait au passage un éclair, un trait, une couleur. Un geste, un élan… On pouvait se reposer sur elle afin que tout  fût capté et transmué en texte, en un texte portant son sceau, impossible à  confondre avec celui de qui que ce soit d’autre. Il se sentait trop imprégné de ses écrits - il s’en était imbibé, presque - pour douter de son aisance d’auteur à tout transformer, à faire passer de son univers intérieur à contemplation secrète ce qui avait besoin de lettres et de mots pour devenir un objet autonome offert à la vue. Il allait, après ces quelques jours d’initiation à la vie à ses côtés, la voir se mettre en branle pour une nouvelle phase d’inspiration. Il serait aux premières loges, il en serait complice, il en serait même l’instigateur. Il verrait les choses se faire sous son nez, il n’aurait pu rêver mieux que ce job qui n’en était pas un mais qui l’avait introduit au seuil de découvertes peut-être sans prix.

          Elle   allait même sans aucun doute lui apporter une source d’exploitation sur laquelle elle travaillerait devant lui, puisqu’elle lui en avait parlé la veille. Elle disposait, au fond d’un tiroir, d’un  dossier presque oublié – presque, seulement, avait-elle ajouté avec un petit sourire – qu’elle allait reprendre. Elle y avait au cours des temps (et cette collecte s’était même arrêtée il y avait des années, ce serait de l’inédit à remonter au jour) glissé des notes à réutiliser à l’occasion, rien d’urgent ni d’indispensable puisqu’elle s’en était passée tous ces lustres,  peut-être même sans valeur du tout, mais on ne sait jamais. Il avait opiné : bien sûr , comme chez Zola dans ses documentations préparatoires, des embryons de notes, des indications brèves en abrégé parfois difficiles voire impossibles à déchiffrer par la suite, mais d’où sortaient des textes forts, solides, inspirés parce que la vérité les structurait. Mais non, avait-elle précisé en secouant la tête, sous cette forme-là tout aurait déjà été utilisé et transcrit – du moins c’est ce qu’elle croyait -  même si elle n’avait guère recours à ce système  pour sa part. Non pas : tout simplement des lambeaux de choses, des bribes d’écrits, des espèces d’hiéroglyphes. Des pense-bête plutôt, griffonnés dans l’urgence en pensant à des développements ultérieurs. Dans l’obéissance à un instinct ridicule de conservation du mot, dans la crainte de laisser perdre la moindre miette d’idée ou de suggestion qui sur le moment était apparue pleine de ressources, qu’on notait fébrilement et puis qu’on oubliait parce que ce n’était pas son heure. Elle pourrait reprendre cela, sans trop y croire, mais ce serait peut-être justement l’occasion de lui montrer,  à lui Vuk puisqu’il tenait tant à voir la chose, comment  allait naître un bout de phrase, peut-être même davantage. Mais il faudrait avant tout que ce débris d’idée ainsi fixé si sommairement pût avoir conservé une puissance de déclenchement. Pas de tilt, pas de mise en route ! Elle contemplerait ces traces mortes sans leur reconnaître le moindre souffle de vie, elle ne saurait pas ressusciter quelque chose d’opaque, d’étranger.

          Tout de même, il se sentait autorisé à ressentir de l’émotion et presque de la vanité lorsqu’il songeait que sans lui, sans son insistance (et certes il avait réussi , ça n’était pas joué d’avance, elle aurait pu se cabrer avec fureur et lui demander de quoi il osait bien se mêler – peut-être même aurait-elle pu aller jusqu’à rompre leur commerce amical en lui prêtant on ne savait quels desseins cachés qui se seraient trop tôt, trop maladroitement révélés) elle n’aurait pas considéré qu’elle était encore de taille à écrire. Elle ressentait à la fois cet orgueil de songer à tout ce qu’elle laissait derrière elle et qu’il serait désormais difficile de dépasser et sans doute même d’égaler, et cette timidité de jeune fille à douter d’elle, à n’oser pas s’aventurer trop loin des berges où elle se croyait désormais confinée – à regarder les baigneurs sans oser se lancer à nager parmi eux. Il fallait lui redonner une confiance en elle à laquelle elle avait renoncé – et il ne pouvait pas deviner si elle s’était résignée à s’installer dans cette zone de calme d’où les élans seraient sagement maintenus par la bride (peut-être à la suite d’une phase de repos qui n’était que temporaire et qu’elle avait interprétée comme le statu quo définitif), ou si, dans la crainte maladive de ce qu’elle appelait en riant le « syndrome de l’archevêque de Grenade » , elle préférait s’abstenir d’écrire plutôt que de s’exposer à commentaire malveillant et dépréciatif. Heureux et tout fier était-il, lui Vuk, de s’être mieux que Gil Blas acquitté de sa mission de conseiller – mais au fond c’était elle, c’était son attitude à elle, qui avait facilité les choses pour l’instigateur d’une nouvelle aventure.

          Il allait donc pouvoir suivre cette phase non prévue au programme, cette lancée sur nouveaux frais qui serait ce qu’elle serait, peut-être tout simplement ce qu’elle pourrait être, mais qui, prolongée sous les meilleurs auspices et avec un peu de chance, pourrait devenir un roman. Il devinait en effet que c’était là sa forme préférée d’expression, une histoire d’ample respiration où précisément la combinaison de l’imagination et de la mémoire pourrait créer vastement, sans se laisser impressionner par les limitations habituelles. Et lui serait là, tout proche, peut-être à l’occasion bénéficiant d’aperçus, d’explications, devinant de toute façon les rythmes d’écriture par la gestuelle extérieure à laquelle en quelques jours il était devenu spécialement attentif et qui éclairait tant de choses. C’était vrai que depuis son arrivée il la couvait des yeux, on pouvait dire ça comme ça.

Et il devinait que, sans beaucoup attendre, elle allait concevoir un plan pour récupérer ces fragments avant même d’avoir les idées nettes, pour les mettre en place sourdement comme un peintre évalue en gros où il va placer ses masses de couleur avant même de savoir ce qu’il va peindre, puis pour les englober peu à peu dans une vue d’ensemble qui perdrait de son opacité en laissant se dégager des courants avant même les grandes lignes. Tout cela en un lent brassage qu’elle dominerait en silence dans une profonde jouissance égoïste, non partageable de toute évidence. Elle se sentirait, au fond, justifiée dans cette reprise d’activité inattendue qu’elle n’avait pas souhaitée. Un peu honteuse peut-être aussi de se découvrir si irremplaçable, comme tous les anciens chargés de mission redoutant l’effondrement inévitable du monde dès lors qu’on les aurait mis sur la touche : sa lucidité terrible, à elle, se mettrait à ricaner de voir avec quelle promptitude elle sauterait sur le premier prétexte venu, avec quelle désinvolture elle opterait comme eux pour l’incrustation sur place. Oui, une ombre de gêne, une amorce de honte, mais si passagères l’une et l’autre qu’elles seraient vite balayées hors champ : il lui fallait bien s’occuper, elle n’allait tout de même pas attendre l’apparition d’Atropos en se tournant les                   pouces.                                                                           

                                                                                   (à suivre)

Partager cet article
Repost0
17 juillet 2019 3 17 /07 /juillet /2019 12:09

UNE SOLUTION RAPIDE

 

          Que ce soit sur un de ces dessins satiriques qui peuvent être hilarants ou sur la couverture d'un magazine voire d'un quotidien qu'on ait pu la découvrir, la formule s'est répandue hier comme une traînée de poudre et a donné du tonus au peuple. "Homard m'a tuer"... Qu'est-ce que je n'aurais pas donné pour être le  cerveau accouchant de pareille formule! "Homard m'a tuer"... Déjà le gros crustacé gonflable promené dans le défilé du 14 juillet (pas l'officiel, qui au contraire étalait l'affection de deux frères, mais celui des gilets jaunes aux pancartes percutantes) valait son pesant de mayonnaise,  car il mettait en  lumière l'objet par lequel on désignerait désormais la crise du moment, qui comme à chaque fois (mais cette fois-ci brillamment illustrée dans le registre comique) symboliserait l'incrédulité du peuple devant les explications prodiguées fiévreusement par les accusés, celui-ci brandissant son régime spartiate qui lui interdisait le homard indigeste et le champagne aux bulles nocives. Et l'affaire bouclée en 48 heures hors tout! Pour nous qui avions l'habitude de voir traîner des mois, même plus d'un an, des affaires où la gouvernance se trouvait engagée, c'était réconfortant de voir la promptitude de la décision. Faut-il que le homard soit dangereux tout de même puisque sans en avoir mangé le malheureux ministre a connu une fin lamentable!

Partager cet article
Repost0
15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 18:17

IMAGES POOUR LE MONDE

 

          Les commentateurs du 14 juillet à Paris ont mentionné hier à plusieurs reprises   le retentissement que ces images de la journée allaient porter sur la planète, permettant aux spectateurs hors hexagone de prendre conscience de la réalité de l'atmosphère dans la capitale. Jusqu'au début de l'après-midi, il y avait de quoi  faire naître la jalousie. Cadre magnifique magnifiquement filmé, disposition urbaine unique au monde, défilé par bataillons mieux diversifiés que d'habitude, fascination des gants, des guêtres, des képis ou des shakos traçant au pas cadencé et au cordeau  des lignes mouvantes impeccables sans cesse recommencées, et puis les chevaux toujours si exemplaires, et puis les chiens avec leurs médailles...bref, le symbole éclatant que la France aimait son armée et son gouvernement et respirait le bonheur (on avait même eu droit à la présentation des robots innovants dont chaque régiment avait, pour le modernisme indispensable,  concocté son modèle selon son génie propre , c'était ridicule mais il faut bien prévoir une phase comique dans les grands événements solennels, autrement on s'ennuierait, non?). Donc, tout baignait (les sifflets de l'accueil n'ayant pas accès à l'image, on n'en tenait pas compte). Mais tout de suite après, c'était le défilé sabbatique des gilets jaunes : assez nombreux pour s'imposer, enveloppés des violences habituelles qu'on peut toujours leur  reprocher, en vain - autre vignette du pays! Si les téléspectateurs étrangers ont  coupé leur poste de télé  sur la dernière image des festivités officielles, il y a fort à parier que leur opinion sur la situation politique de l'hexagone mériterait d'être corrigée s'ils tiennent à avoir une vision exacte de la réalité (surtout s'ils ont contemplé avec attendrissement la proximité affectueuse du président et de M. de Rugy dont la gémellité se donnait tendrement en spectacle).

Partager cet article
Repost0
13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 13:17

 

 

 

14 juillet     

 

          Demain fête de la République avec tralala du défilé et des célébrations officielles. Cela se fera de manière grandiose à coup sûr : dès qu'il y a occasion de pompes royales le consensus se fait  dans le pays, les pauvres heureux d'un spectacle gratuit, les riches heureux d'un système de gouvernance qui leur permet de s'épanouir et de retrouver tous les privilèges de l'Ancien Régime, ceux de leurs ancêtres que Robespierre n'a pas eu le temps de faire raccourcir et dont ils ont gardé malgré la modernité de leur existence les réflexes de mépris des autres et d'arrogantes prébendes prises sur le dos de leurs frères inférieurs. Bon sang ne saurait mentir: ce M. de Rugy, il est bien possible que son nom qui se dévisse soit simplement la marque d'une acquisition  d'après 1792, donc XIXème voire XXème, des terres d'une bourgade dont le nom vous ennoblit moyennant finances et que par conséquent, loin de descendre des chevaliers qui ont commis les croisades, son sang  ait oublié de se croire bleu. Toutefois il s'est procuré des gènes auprès de ses pareils et s'est persuadé que dès avant la Révolution il y avait des droits seigneuriaux transmissibles dans la famille, dont le droit de se servir dans la caisse du peuple sans avoir de comptes à rendre à personne. Après tout, nous sommes en monarchie malgré les apparences historiques, Palais de Versailles, vaisselle de Sèvres, défilés monstrueux, assemblées dont on a changé le nom pour faire oublier qu'elles s'appelaient la  Convention, puis la Constituante, puis la Législative et que comme telles elles représentaient la volonté du peuple. Le Tiers Etat n'est plus jamais mentionné, par pudeur  - de telle sorte qu'on le croit disparu, et qu'à sa place il reste seulement des fainéants, des chômeurs, des SDF, des gaulois, toute une racaille dont on espère bien être débarrassé (ça vient,  lentement mais sûrement) afin que les survivants aux bonnes manières puissent se retrouver entre eux, comme avant la prise de cette foutue Bastille.

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2019 5 12 /07 /juillet /2019 10:49

 

 

          Deuxième et dernier vendredi où Laure restera muette, et ce,  pour en avoir trop dit en une seule fois. Les choses reprendront leur cours normal le vendredi 19 juillet, avec sans aucun doute un auditoire bien amenuisé. Tant pis pour les absents! Vous savez bien qu'ils ont toujours tort. A plus!

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2019 4 11 /07 /juillet /2019 10:55

LA BONNE VOISINE

 

          Du ton dont à la Comédie française Don Diègue apostropherait son fils, "Rodrigue, as-tu du coeur?" mais hélas! sans obtenir de réponse aussi affirmative, je téléphone à mon  aimable voisine d'en face : "Yannick, avez-vous du gaz?". Elle est tout électric, elle ne peut me renseigner. Je sonne à la porte de ma gracieuse voisine de droite dont j'ignore le numéro de téléphone : "Magali, avez-vous du gaz?". Elle aussi est tout électric, mauvaise pioche. J'ose malgré l'heure - l'heure où tout ce qui doit aller gagner sa croûte sort de sa douche et avale son café en enfilant sa veste - interpeller mon  ami des dépannages et des services rendus sans compter : "Avez-vous du gaz?"Lui aussi est tout électric, mais conseille d'appeler le distributeur, ce que je m'empresse de faire pour, au bout d'un  amphigouri monstre de voix enregistrées semant les "Tapez Un" ou Tapez deux" à la volée sans savoir si quelqu'un écoute, apprendre que selon mon code postal il doit y avoir des fermetures de distribution à cause des travaux routiers du quartier : vingt-quatre heures encore à attendre la remise en route de l'approvisionnement. Je me demande ce que je vais faire des légumes déjà préparés qui ne peuvent se passer de cuisson et ce que je vais mettre à mon menu puisque j'ai un invité ce soir,  mais voici que comme les rois mages Yannick flanquée de son mari pour l'encouragement m'apporte une grosse bouilloire comme si c'était l'encens ou la myrrhe : "Au moins pour votre thé de ce matin ...". Ma cuisine ne regorgera pas des senteurs provençales aujourd'hui - poivron tomate oignon rouge basilic - mais je me sens gâtée, privilégiée, emplie de cette amitié efficace et prompte. Le dîner froid de ce soir se situera au sein d'une belle sérénité.

Partager cet article
Repost0
10 juillet 2019 3 10 /07 /juillet /2019 12:32

Petit retour de la vis comica

 

          On ne consacre pas autant de temps et de ferveur à l'analyse littéraire du théâtre dans toutes ses hypostases que je l'ai fait au cours de ma vie sans en conserver, même après la grande cessation d'activité qu'est la retraite (et en attendant, bien sûr, la toute grande, la définitive), des traces inscrites dans les réflexes. C'est ma réaction devant tout film, toute pièce, tout spectacle : deviner ou rechercher les structures, examiner les enchaînements, approfondir comment l'action et la psychologie se combinent ou s'enlacent pour réussir le déroulement de l'intrigue. Et bien entendu la fameuse vis comica a droit à un traitement de choix,  qu'il s'agisse de l'analyse de l'humour ou du dialogue, des éléments de farce ou de l'efficacité des gags. Et là intervient un coefficient de subjectivité qui varie selon les époques et le niveau mental du spectateur, et qui peut être source de vives discussions. Pensez au déclenchement du rire dans les Laurel et Hardy d'avant-guerre, voire les Charlot, ou les W.C.Fields - et à l'ennui quelque peu consterné qu'ils font naître à présent. La consternation  est de rigueur en effet dès que le regardant s'étonne avec un peu de malaise que son voisin puisse rire du même spectacle (ou que lui-même ait pu en rire naguère). On peut adorer par exemple le style, la patte, la manière  des inimitables frères Coen et ne pas comprendre voir à ses côtés quelqu'un qui bâille, ce même quelqu'un qui se tord devant Les Gendarmes de Saint-Tropez ou La Soupe aux choux. Il reste d'ailleurs, inoxydables dans leur succès dont la recette est perdue, les Tontons flingueurs, La Grande Vadrouille ou Pouic-Pouic. Perdue,  je dis bien : qui oserait mettre sur un même plan de comique cette merveilleuse Grande Vadrouille et ce lamentable Rabbi Jacob (ou cette indigne Folie des Grandeurs), pourtant tous trois sortis du même cerveau?

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 11:54

DES PILIERS SOLIDES SCIES A LA BASE

 

          Une entreprise de longue haleine, d'origine subtilement diversifiée mais menée dans une coexistence souterraine avisée, a finalement eu la peau de ce qui, aux yeux de beaucoup, se trouvait être la plus grande chance du pays d'aboutir à la prospérité. On l'avait bâtie après de saines et enthousiastes réflexions, cette chance nationale. En fait, l'idée, tout neuve, avait reçu l'aval de la nation tout entière puisqu'elle était la créature, officiellement signée, de toutes les nuances d'opinion politique à l'époque des grandes reconstructions d'après-guerre : pour une fois qu'un consensus avait lieu, il se trouvait que c'était sur la  constitution prometteuse de la nouvelle république. Les quatre piliers sur lesquelles on l'installait semblaient devoir durer jusqu'à la fin des temps : Sécurité sociale, Droit au travail, Transports, Transmissions, autrement dit l'instauration des services publics assurant le mieux être des individus jusqu'au fin fond des villages perdus. Ce n'était certainement pas une simple coïncidence si par là-dessus les Trente Glorieuses avaient pris racine et s'étaient développées  en assurant au pays un élan de prospérité imparable. Cependant l'entreprise souterraine qui avait aussi pris de la force et de l'hostilité finissait par se montrer en plein jour, avec comme objectif de détruire les services publics, une fois que les banques, la finance et les privilégiés qui constituaient une caste intouchable eurent établi leur règne. Les quatre piliers attaqués à coups de massue résistèrent inégalement, condamnés à une survie de plus en plus misérable. C'est surtout depuis deux ans que la démolition a pris toute sa vigueur en s'affichant ouvertement : si le moindre espoir de reconstruction solide et égalitaire se profilait ici ou là, on pourrait prendre patience et attendre, mais comment faire quand on ne voit plus partout que des ruines, des décombres sur lesquels est grimpé un fantoche satisfait de ce qu'il a déjà fait et qui en promet encore davantage?

Partager cet article
Repost0
8 juillet 2019 1 08 /07 /juillet /2019 09:15

Revoilà les gilets jaunes

 

          Les revoilà, les gilets jaunes! Chaque samedi une nouvelle destination, un nouveau point de rassemblement. Chaque semaine plus déterminés, moins destructeurs, offerts au martyre - on les voit traînés par terre, T-shirt déchiré, entassés en troupeau assis, on voit même les jets de gaz lacrymogènes direct dans les yeux. A quoi certains commentateurs agacés par cette permanence de la rébellion trouvent des explications psychologiques irréfutables : quand des individus refusent d'évacuer les lieux, qu'on est obligé de les porter ou traîner pour les déplacer, on ne peut tout de même pas se servir de mitraillettes, si?Alors pourquoi ne pas utiliser les armes dont la loi encourage et protège le maniement? Je n'ai eu que le temps d'un petit coup d'oeil sur la pantomime sabbatique, je ne peux donc rien en dire. Mais j'ai aperçu que dans le cortège - là où il était encore constitué - les pancartes contre Blanquer étaient nombreuses : donc voilà l'apport des enseignants aux manifestants de base, ce qui en diversifiant les zones du mécontentement national traduit de manière évidente que les samedis jaune jonquille sont destinés à durer, puisque leur symbole est devenu à jamais le signe de ralliement de toutes les indignations. La Macronie possède donc bien une gouvernance du blindage : blindage des yeux et des oreilles, je flotte et ne sombre pas, la caravane passe et laisse les chiens aboyer, vous verrez bien comme c'est bien ce que je vous concocte d'ailleurs c'est ce dont je parlais déjà en arrivant,  si vous ne l' avez pas décelé c'est que vous n'êtes pas finauds,  vous reste plus qu'à ronger votr' frein jusqu'au bout, m'entendez oui ou non? Qui  c'est qui mène le char de l'Etat par ici? C'est moi - end of story, ce qui se traduit par Point Barre et v's avez avantage à la boucler.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de lucette desvignes
  • Contact

Recherche

Liens