Si j'en crois les catalogues qui annoncent tous un automne et un hiver douillets et colorés, je ne sais pas trop à quoi nous ressemblerons dans les mois à venir. C'est à mes belines que je m'adresse, mes belins n'étant pas assujettis comme nous aux diktate de la mode. Mes feuilletages éperdus m'ont ramenée à ce qui se faisait dans les années 85, où il me semblait que les couturiers avaient fait une fixette pour le vomi. On retrouve les bordeaux déglutis, les violines vinasse, les vieux rouges déteints, avec les anthracites ternes, les gris fer miteux, les bleu canard faisandé, les rose pourriture pour égayer le tout. L'utilisation abusive (mais appelée "design" ) de grandes figures géométriques aux teintes crues plaquées n'importe comment sur des verts sapin poussiéreux ou des jaunes pisseux (le tout créant un choc, carrément, sur une robe ou une jupe longue) paraît se généraliser. Que les voiles légers aux nuances délicieuses du printemps et de l'été aient pu soudain faire place à ces modèles de fagotage si opaques, si lourds, si désolants, voilà qui me passe. Aussi bien ne suis-je pas spécialiste de mode ni pour moi ni pour les autres : peut-être ai-je simplement négligé de nettoyer mes lunettes, avec, en plus, une vision de mauvaise humeur, pour feuilleter mes catalogues.