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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 09:37

         On se rend à la convocation envoyée, c’est bien, on va entendre les prestations des uns et des autres, trois nouveaux cerveaux qui s’exprimeront, l’occasion le requérant, dans leurs petites robes de fête, avec accessoires et bijoux assortis. Le clinquant n’a pas été invité, mais il s’est pointé tout seul et comme on ne l’a pas chassé il s’est installé comme un hôte désirable et désiré. Il trône, brillant, comme s’il était de bon aloi. Il y a d’ailleurs eu, sinon rivalité, du moins double exercice de cet esprit léger qui joue avec les mots : deux des nouveaux cerveaux ont démontré leur familiarité avec la jonglerie verbale, asservissant la pensée à la sonorité de la phrase, établissant des ponts là où peut-être on eût pu passer à gué (ou à la nage tout aussi bien, c’est si bon l’eau fraîche des rivières le matin !). Le troisième cerveau a dédaigné la recherche du mot et de la clinquetaille, mais dès la première parole, dès la première citation, il avait établi le plain-pied avec le public écoutant, il lui offrait la gravité d’une promenade dans la pensée, il l’entraînait, il ne lui permettait pas de rester en dehors de sa ferveur. Vraie joie de l’esprit, bonheur de la communion. Et           quand, s’épanouissant par-dessus ces jouissances passagères, la chaleur lumineuse des amitiés coup de foudre donne à la journée la turbulence du feu, et que, après s’être trouvés et reconnus, les atomes crochus se soudent sans résistance possible, on peut choisir parmi les pierres blanches celle qu’on va conserver sur le cœur.

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 21:07

Blog N°1609, à dater du samedi 22 mars 2014.

 

         Une action collective efficace doit s’appuyer sur les médias. Non que la télé aide en quoi que ce soit les grands mouvements d’indignation ou de réclamations qui sont tout à l’honneur de la dignité des citoyens : a-t-on jamais vu l’information se contenter d’autre chose que de rabâcher les mêmes vieilles nouvelles jusqu’à plus soif, en insistant sur les détails horribles ou croustillants ? Enquêter sur des sujets brûlants, c’est réservé à quelques reporters volontaires et courageux qui réalisent des courts métrages à diffuser à part, les commentateurs de nouvelles se contentant de rester à la botte des agences de presse commandées d’en-haut. Tout de même, l’indignation canalisée a besoin d’eux : c’est qu’ils constatent et répercutent une fois que l’ampleur des faits ou des mouvements les oblige à en parler. Tant qu’ils continueront à dire que la capitale d’Israël c’est Jérusalem et non Tel-aviv, à présenter sévèrement les dégâts causés par les roquettes palestiniennes et sans indignation l’opération « Plomb durci » et ses petites sœurs, ils n’auront certes guère d’utilité pour visualiser les campagnes de protestation. Mais s’ils s’y mettent, mes belins-belines, c’est qu’il y a du neuf dans Landerneau ! Voilà qu’on parle du boycott des produits dits israëliens  qui proviennent des colonies et territoires d’occupation de la Palestine : il y a longtemps déjà qu’elle dure, cette campagne de boycott et désinvestissement, mais si elle quitte l’ombre pour atteindre la notoriété de l’information, cela veut dire qu’elle est arrivée à l’âge adulte et, donc, qu’elle va pouvoir se faire entendre et reconnaître largement.

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 20:58

Blog N°1608, à dater du vendredi 21 mars 2014.

 

         Souvenez-vous : il y a des années, pour   enfin interdire aux éleveurs de veaux de les bourrer d’hormones au lieu de les laisser grandir « sous la mère », un boycott monstre avait fait disparaître la viande de veau de tous les étals de boucherie. Pendant des mois, cette insurrection collective avait duré, et les éleveurs avaient cédé, reconnaissant au public  sa royauté de client : sans le client, pas de boucherie. Je n’oserais dire que l’effet des belles promesses et des bonnes résolutions des éleveurs les engageait pour l’éternité, je suis même bien sûre du contraire, mais tout de même cela avait été un grand choc dans la nation de constater ce qu’on pouvait faire quand on canalisait ses actions et ses revendications. Cela avait vraiment constitué une démonstration historique. Les temps sont venus où il faut reprendre ce type d’action. Il y a trop de domaines où les lobbies financiers ou industriels imposent leurs oukases en piétinant les droits des humains ou la dignité de l’animal et son droit à une vie sans souffrance. Une pétition monstre a interdit les pesticides tueurs d’abeilles. Une autre a empêché les compagnies pétrolières de détruire la grande barrière de corail pour faciliter le passage des tankers (y en a-t-il tout de même, des esprits tordus !). Une autre a fait interdire en Russie la chasse à l’ours, qui tuant les mères laissait mourir les oursons au fond de leur tanière. Pas à pas, certes, à points comptés et non par un coup de baguette magique, les indignés se font entendre. Le XXIème siècle devrait être  celui des indignations collectives s’il ne veut pas s’effondrer dans les cataclysmes et les ignominies de tout calibre….

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 20:54
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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 08:08

Si, en ce monde où tant de choses vont si mal, quelque chose peut réconforter, c’est à mon avis la démonstration que l’union fait la force. Je me tiens régulièrement au courant des résultats obtenus par les innombrables pétitions que je signe (choisies avec soin, certes, mais si nombreuses à mériter l’intervention) et désormais, après un certain temps d’incrédulité où j’agissais de la plume presque uniquement pour soulager ma conscience et donner à mon indignation un vague espoir d’utilité, je reconnais que la victoire est régulière sur certains points pour lesquels la lutte a été bien menée. Voilà que les OGM viennent d’être interdits de vente en France, à cause des milliers de signatures qui ébranlent tout de même l’apathie ou l’indifférence des ministères. Voilà que des lois qu’on dédaignait d’appliquer sont remises en lumière et qu’on leur donne une force nouvelle. Voilà que la conscience citoyenne, éveillée et en route pour se renforcer, se mêle de tout et fait connaître aux décideurs que l’opinion des indignés a son poids, au plan des élections (la menace d’un vote de refus est à considérer) comme au plan commercial (et le boycott, alors ?). Je m’épanouis de cette constatation, d’autant qu’elle a quitté le simple niveau de satisfaction intime pour atteindre celui de la publicité collective : on en parle dans les médias, le geste isolé et vainement rageur est devenu l’expression d’une partie active et  militante de la population, bref découvrir que sa voix compte c’est toujours regonflant, croyez-en ma vieille expérience.

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19 mars 2014 3 19 /03 /mars /2014 08:20

Mea Culpa N°1605 : Lire « erreurs de toute sorte » et non « erreurs se toute sorte » en milieu de texte.

Je regardais hier, pour vous changer du cinoche si vous n’aimez pas ça, le menu détail et les coulisses de la guerre des Six Jours et de la guerre du Kippour. Ce qui m’a frappée, ce ne sont pas les événements qui, s’ils sont ignorés de la plupart des citoyens Lambda,  me sont bien connus depuis longtemps. L’avantage était certes de me rafraîchir la mémoire,  et de me préciser certains aspects de la personnalité de Sadate que j’ignorais, mais surtout de voir à quoi tiennent les décisions qui engagent les destins des peuples. Golda Meir ne croit pas que l’Egypte peut attaquer après son humiliation des Six jours (mais ne peut-on imaginer que précisément les Egyptiens voudront prendre leur revanche ?). L’armée israëlienne ne croit pas que Sadate franchira le Canal de Suez pendant la fête de Kippour: c’est cependant ce qui va se produire sous son nez. Moshe Dayan ne croit pas que l’Egypte puisse progresser sur le Sinaï : c’est pourtant ce que feront ses troupes d’invasion. Kissinger – il faut bien qu’un Américain s’en mêle – ne croit pas que Sadate représente une quelconque menace pour Israël, et pourtant Israël en arrive à envisager le recours à l’arme atomique tenue secrète jusqu’alors. Et tout cela avec des renseignements fournis par l’époux d’une fille de Nasser, gagné à Israël mais bien placé pour connaître les intentions égyptiennes… Des gouvernants ou des conseillers ou des généraux qui ne font que se tromper, et à répétition, en croyant ce qui n’est pas mais en ne croyant pas ce qui est : c’est tout de même frappant de voir leur incompétence (ou leur légèreté, ou leur entêtement) – comme si leurs erreurs n’avaient pas plus d’importance à leur niveau que sur une grille de mots croisés où l’on peut gommer en toute innocence…

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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 09:39

         …Ensuite Mon Oncle est noyé dans la foule qui l’entraîne et l’amène à partager ses réjouissances. Ce vendredi soir mêle les sorties mondaines d’une partie friquée de la population parisienne (BCBG, Beaufs et gauche Caviar, fourrures et bijoux, super tenues et manières se voulant distinguées) et les ressortissants d’un car de luxe en visite à la ville lumière depuis de lointains horizons (là aussi, tenues de soirée recommandées par les prospectus, tâchant de se mettre au niveau requis sans y parvenir mais tout de même fort satisfaites de soi). L’idée de génie est de faire se rencontrer, ou plutôt se côtoyer, ces diverses populations avides de se divertir dans un grand restaurant dont les dernières mises au ^point (parquets, lumières, air conditionné, décoration…) ne sont pas terminées : on chasse en hâte les corps de métier, le parquet se décolle, on trouve des outils un peu partout à la cuisine et dans les plats… L’affolement des maîtres d’hôtel se cache sous les manières stylées, mais l’inexpérience des serveurs, leur goût de la bouteille pour se donner du cœur à l’ouvrage, les erreurs se toute sorte au niveau des commandes et du service entretiennent une jouissance permanente pour le spectateur. Avec l’allongement de la soirée, avec la frénésie des danseurs sur le plancher qui se décolle par-ci par-là, avec l’ivresse générale, les gags se multiplient, Tati s’en mêle malgré lui, même l’effondrement des boiseries mal clouées ne met personne en fuite. Au matin, le car de luxe ramène ses touristes enchantés à l’aéroport, M.Hulot en hâte achète un foulard avec la Tour Eiffel pour une visiteuse qui lui eût parfaitement convenu, mais coincé entre la caisse et la sortie automatique du magasin ne peut que charger un livreur de remettre le présent. La séquence finale rappelle les fins de Charlot, donc le ratage du bonheur et la solitude du héros – avec en outre l’absurde d’une circulation qui se mord la queue sans pouvoir avancer d’un pouce, et ne permet même pas à la jolie touriste de savoir d’où lui vient ce cadeau. Ce n’est pas le déroulement d’une histoire qu’il faut admirer dans ce film de génie, mais le grotesque de notre société lorsqu’elle décide de sortir de son ennui. 

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17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 08:47

         Si vous n’aimez pas le cinéma, si vous n’aimez pas Tati, alors mes belins-belines vous pouvez vous absenter, parce que je vais vous parler de Playtime. Rien d’étonnant si l’accueil fut, à sa sortie, plus que frais. Imaginez un film assez long qui ne semble pas suivre le moindre scénario logique, sans dialogue (les rares bouts de phrases qu’on entend ne veulent rien dire ou sont complètement inutiles, les conversations étant brouillées dans une sorte de vapeur de mots qui empêchent totalement de suivre). Avec un Tati toujours genre Mon Oncle, paumé, courtois, sans défense, ne protestant jamais, tâchant de suivre mais se perdant automatiquement. Tentant de retrouver un interlocuteur dans les couloirs glacés, les ascenseurs traîtres les portes automatiques invisibles, les myriades de bureaux, d’agences, de firmes d’un immeuble de type « La Défense » (c’est peut-être elle, si ce n’est elle c’est donc sa sœur), toujours remarqué comme un farfelu hors de son milieu, perdant de vue son rendez-vous à force d’attente et de fausses manœuvres. C’est là le début, pour bien souligner la vanité, l’inanité, le grotesque de nos activités de fourmilières tournant à vide. Puis c’est le coup d’œil sur la soirée de chacun – un  vendredi sans doute – pantouflarde chez les uns, tyrannique chez les autres avec leurs diapositives et leurs projections qui rasent tout le monde,  impudiques sans le vouloir puisque toutes les parois sont de verre pour inciter sans doute à la transparence nationale. J’ai encore besoin d’une rallonge pour demain, ce sera encore Tati, donc voyez plus haut ma première phrase et agrémentez-là d’un bis, histoire de ne pas me reprocher de vous avoir tenus à l’écart de l’info.

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 16:37

Mea Culpa N° 1602 : Lire (ligne 4) « de se remplir » (et non « de ses remplir »

 

J’ai regardé de nouveau « Le Cirque », jeudi soir. Je l’avais vu il y a longtemps (au moment de sa sortie-résurrection, dans les remous de l’accusation de plagiat de la fille de Méliès – ou peut-être de Mac Sennett, pardonnez-moi d’être si confuse, mes belins-belines, mais cela remonte à si loin – et puis je suis sûre que vous trouverez tous renseignements utiles sur Internet, vous qui savez chercher) et je me suis fait une sorte de devoir de le regarder à nouveau, comme objet du patrimoine universel que je ne reverrais sans doute pas à une autre occasion. Je ne regrette pas ma soirée. Certains gags sont inénarrables, et traités avec une science, une maîtrise admirable : toute la première partie en particulier, lorsque le vagabond erre dans les baraques de la foire, toujours paumé, toujours poursuivi. Le développement du thème de la galerie des miroirs et ses variantes, toujours attendues toujours renouvelées dans leur force comique, est un morceau d’anthologie qu’on voudrait voir s’éterniser. Je n’avais pas le moindre souvenir de ce joyau et je me suis sentie bien ingrate de n’avoir pas salué le génie là où il se manifestait de manière si éclatante. Autrement, le déroulement de l’histoire n’a rien d’exceptionnel et les barbouillages copieux à la mousse savonneuse ont remplacé les projections de tartes à la crème sans qu’on pût en tirer le moindre avantage hilarant. Autre idée géniale : les encombrantes manifestations de tendresse des petits singes alors que notre pauvre funambule est au bord du vertige sur son filin  - et puis, aussi, attendue et toujours prenante, cette fin solitaire où, le chagrin une fois secoué, l’abnégation une fois digérée avec le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait faire pour le bonheur des autres, il n’y a plus qu’à reprendre la route en se dandinant et en faisant des moulinets avec sa canne…

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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 09:23

         Rien de plus déplaisant, je vous assure, que de compter sur un papier tout frais pondu la veille – et de ne plus en trouver trace le matin suivant, au moment de l’envoyer sur les ailes du vent jusqu’à vos petites cervelles avides de ses remplir de bonnes choses, mes belins-belines. Je voulais donner une vue pas trop appréciative (malgré les *** de Télérama) d’un film russe contemporain sur le thème de la servante maîtresse qui a couru les opéras et les romans jusqu’à satiété.(voyez cette image hardie : ce thème qui court jusqu’à n’avoir plus soif, c’est culotté, n’est-ce pas ?). Une servante fidèle qui a fini par épouser son maître (compréhensif, pas mesquin, assez généreux) voudrait obtenir de lui une grosse somme pour envoyer son petit-fils à l’Université en lui évitant le service armé qui l’enverrait en Ossétie : ce petit-fils est un bon à rien, fils d’un bon à rien chômeur vivant aux crochets de la pension maternelle. De son côté, le mari a une fille, ingrate et dévergondée, qui vit aux crochets de la générosité du père. Ce père, après discussion paisible au petit- déjeuner, refuse d’aider la famille de sa femme. Victime d’un infarctus, il veut faire un testament protégeant les biens de sa fille : c’est le moment d’agir vite, la servante lui fait prendre tous ses médicaments d’un coup, sûr moyen de l’expédier ad patres sans grand risque. Aucun risque, en effet : cette chère Elena (c’est le titre du film) rafle l’argent du coffre, ne laisse à la fille qu’un demi-appartement que celle-ci refuse, y installe sa douteuse progéniture et vit heureuse avec elle. Je me demande vraiment si dans la Russie de Poutine on ^peut s’en tirer aussi bien, sans enquête ni étonnement, et profiter de son infamie en toute tranquillité. Quant au traitement esthétique du thème, c’est le minimalisme absolu : vous savez déjà ce que j’en pense…

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