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15 septembre 2015 2 15 /09 /septembre /2015 09:36

         Coup de téléphone un dimanche après-midi autour de 16h. C’est votre banque qui vous demande si vous vous êtes aperçue d’une arnaque. Très polie, la dame, mais donnant peu de détails. Vous vous précipitez sur votre compte, contact banque, accès aux comptes, code secret, tout bien en ordre de marche. Et les comptes intacts, que vous vérifiez à plusieurs reprises : non, on ne vous a rien pris rien détourné rien touché. Voulez-vous que nous bloquions votre carte, par précaution ? Vous pensez que si le mal n’a pas été fait, c’est qu’il ne doit pas l’être, mais enfin vous acceptez qu’on bloque votre carte. Merci, bon dimanche. Puis le doute vous prend : est-ce que c’est vraiment la banque qui a appelé ? un dimanche après-midi ? Le lendemain vous vous précipitez à votre banque. Non non, rien d’anormal, et c’est bien la banque qui a téléphoné, oh ils surveillent 24h/24, c’est la section surveillance qui flaire les arnaques, dans votre cas il y a eu simplement suspicion d’une tentative d’arnaque, rien de plus, mais c’était bien de bloquer votre carte. Vous vous sentez émue qu’on veille si tendrement sur vos intérêts, mais au fond vous voilà sans carte bancaire  pendant dix jours, dans l’impossibilité de retirer de l’argent nulle part, avec un chéquier expirant qui n’a plus que deux feuillets, et les cinq ou six commandes que vous avez faites par courrier et qui sont parties samedi vont elles aussi êtres bloquées parce que leur règlement ne pourra se faire avec une carte bloquée. Et le blocage d’une carte, les oppositions comme on les appelle, ça se paie. Et la nouvelle carte se paiera aussi. Au fond, vous allez finir par vous demander si, sous couvert de ce mirifique  principe de précaution, l’arnaque n’a pas déjà bel et bien été réalisée.

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14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 08:49

         Par définition, le chagrin devrait se situer – et situer ses effets - dans le domaine de l’affectif, c’est-à-dire au niveau des émotions et sentiments résultant de l’arrachement, du choc, de l’incrédulité devant le fait, de l’impression  désespérante qu’on a touché une fin, la fin des rapports, la fin des entretiens, la fin des échanges de souvenirs, la fin des tendresses, la fin des rires. Qui désormais vous appellera de ce petit nom oublié de tous, celui qu’on vous donnait dans votre toute petite enfance et que seule une voix avait conservé pour vous ? Qui pourra à l’occasion creuser une évocation de souvenirs communs de jeunesse ou d’adolescence pour, avec vous, avec votre aide, retrouver des détails infimes enfouis dans la pénombre des recoins de mémoire peu souvent balayés, les extraire de l’oubli peu à peu, les préciser ou les corriger par ce double travail d’interactivité, comme le définit le terrible jargon sans âme de notre époque , qui remodèle à neuf la masse brute des faits ou des images du passé et leur donne une signification, un lustre, une chaleur uniques ? Tout cet ensemble de privation irrémédiable à venir, de conclusion brutale et mal faite, d’achèvement boiteux, c’est le Never more de Poe, auquel on se heurte en vain et qui vous laisse délabré et meurtri. C’est peut-être par ce biais qu’on souffre aussi dans son corps, qu’on se sent moulu  dans ses muscles et dans ses articulations, comme si on avait été battu…

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 10:44
Mes belins-belines, la boutique ferme deux jours pour convenance personnelle (et, croyez-le bien, indépendante de ma volonté). A vendredi.

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8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 09:44

            C’est, sinon avec plaisir, du moins avec un certain soulagement qu’on voit se dessiner de grands mouvements d’élan et de générosité dans les populations, comme on avait pu voir, éphémères, ces grandes marches d’union parmi des gens qui refusaient le racisme et la haine. Oui, les gens s’émeuvent,  comme si curieusement ils avaient attendu le jugement du Pape et l’image d’un petit garçon endormi dans la mort pour s’exprimer et enfin faire quelque chose. Et certes, cette suggestion pratique que chaque cellule vivante adopte une famille de migrants selon ses moyens mettait fin aux tergiversations abstraites : acta, non verba, retroussons nos manches pour que ça aille mieux, laissons les décideurs continuer leurs palabres, agissons. Ici on offre deux logements municipaux tout neufs pour deux familles, là on reloge en urgence en attendant l’achèvement des travaux pour du définitif. Certes il y a à faire – toutefois la bonne volonté semble déclenchée en direction de l’efficace. Mais que fait-on pendant ce temps-là des malheureux du Nord Pas de Calais qui croupissent dans leurs cages depuis des mois, nourris maigrement par la charité publique, privés de tout réconfort, de toute compagnie affective, de tout espoir ? Eux aussi ont couru les mêmes dangers, ont survécu à l’asphyxie dans des camions d’ignominie, à la noyade, à l’épuisement au long des routes… J’espère qu’on les associera au traitement plus courtois réservé à la masse des nouveaux migrants, sans les considérer comme des sans papiers-sans espoir, dans leur Guantanamo à la française où seule l’absence de torture fait différence avec l’original (marque déposée) – et encore, qu’en sait-on ? L’Allemagne sur son podium charitable en réclame 800.000 – la population autochtone se laissera-t-elle faire ? Et comment tasser ces arrivages pour de l’enracinement toujours aléatoire ? Le Danemark avec son exigence de connaître le danois pour être accueilli semble bien avoir trouvé une astucieuse façon de détourner le problème en corner…

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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 11:46

         Y a-t-il un espoir nouveau qui se lève au cœur des Européens ? une décision d’intervenir personnellement de manière à apaiser les consciences, en même temps que de faire honte aux chefs de gouvernement qui n’ont encore rien fait et feront si peu et si mal que ce sera comme s’il n’en était rien ?... Après un ou deux jours de stupeur – devant l’horreur, devant le nombre, devant la gravité de l’urgence – voilà que se met en branle la solidarité sous ses formes les plus diverses. Le pape François a donné le schéma de l’aide qu’il faut apporter à ces migrants : que chaque paroisse adopte une famille de réfugiés et lui vienne en aide. C’était l’évidence même que cette répartition directe et volontaire, et sans rien en dire déjà des initiatives de ce genre avaient été prises : des municipalités qui offrent un appartement tout neuf à deux familles, des associations qui prennent en charge des distributions de vivres, couvertures et vêtements, des quartiers oeuvrant comme des paroisses. Un maire alsacien disait hier que si chaque municipalité offrait du logement et de l’aide matérielle le problème des migrants serait vite réglé… et on ne peut s’empêcher d’y croire. Une famille par paroisse ou par association, c’est un nombre distributif raisonnable et efficace. Et c’est immédiat, les formalités identitaires ou administratives pouvant attendre : l’essentiel est d’assurer aux migrants l’abri, les soins, la nourriture. Histoire de leur faire croire en la bonté de la  nature humaine, histoire de leur redonner du cran, à eux qui ont tout perdu, histoire de faire renaître leur foi en le sourire des accueillants, en des serrements de mains d’honnêtes hommes, en des embrassades d’amitié et de bienvenue…Le gouvernement de chez nous, toujours à la traîne, a tout de même organisé la distribution des familles selon le territoire et les offres d’accueil : ira-t-il vraiment jusqu’à l’efficacité et la rapidité ? on peut en douter/et ou/ le croire. En tout cas, un mince rayon de lumière vient éclairer les côtés sombres de la nature humaine : si on laisse agir le peuple , il y a des chances (des chances seulement…) qu’il suive ses bons instincts…

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5 septembre 2015 6 05 /09 /septembre /2015 09:54

         Toute une famille dont la mer a rejeté les corps. Un enfant de trois ans. Le monde entier a mouillé sa larme, comme il l’avait déjà versée lorsque tous les écrans du monde (sauf Israël) avaient publié le petit garçon palestinien en train d’être tué dans les bras de son père par un soldat israëlien. Comme si nos facultés d’indignation ou d’émotion s’émoussaient à force de spectacles indignants ou navrants, à tel point qu’il nous faut maintenant un summum de pathétique ou de révoltant pour émouvoir notre sensibilité. Bon, nous voilà de nouveau remués un peu plus que la semaine dernière où l’afflux des migrants ressemblait à un grouillement de fourmilière et que nous avions pris peur. Mais               la vision des corps rejetés sur le rivage va très vite perdre de son acumen : que faudra-t-il donc que l’actualité nous offre comme spectacles de misère pour que nous continuions à nous émouvoir ? Je remarque d’ailleurs que c’est notre propre émotion qui nous fait mal, nous ne nous mettons pas à la place de la famille noyée, incident emblématique de tous ces exils vers l’ouest. On aurait envie de prendre des bâtons, des triques, peut-être des fourches ou des cognées, pour se lancer à l’assaut des décideurs qui prennent des airs confits mais ne décident rien, ne font rien, ne comprennent rien à rien. Certes, il aurait fallu prévoir ces cataclysmes humains depuis des années, remplacer les coups de force, coups de bourse, coups de Jarnac et coups de Caïmans par un vrai, un sincère, un profond souci humanitaire, qui en conjuguant les bonnes volontés citoyennes toujours prêtes aurait pu opérer des merveilles. Mais sans ruminer sur  les Il aurait fallu, on peut bien se concentrer sur un Allez, il faut… Toute besogne cessante (surtout qu’ils ne font qu’emplir leurs poches en se cachant les uns des autres), on arrête de travailler pour soi, on agit, on desserre largement les cordons de la bourse, on tâche de se mettre à la place de ceux qui ont tout perdu, y compris la santé et l’espoir, leur travail et leurs proches… Allez, il faut ! Les décideurs, décidez-vous, pour une fois que ce sera bien...

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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 14:35

         Ce matin, on sonne à 9h11 (je sais : j’ai dû écrire la date et l’heure à côté de ma signature). Un livreur pressé comme chez UPS, un grand noir en bermuda au genou, me gratifie d’un sourire éclatant en me remettant un paquet (le sourire s’élargit encore quand je glisse une pièce dans sa paume claire). A peine est-il parti que je cours en vain vers son ombre : l’adresse est bonne, oui, c’est la mienne, mais le destinataire m’est totalement inconnu. Dès lors, adieu le blog : le souci citoyen d’aide à autrui domine, scrongneugneu ! Pages jaunes (ne cherchez pas POSTE, mais Courrier, Distribution). Après quelques tâtonnements je rejoins un chronopass qui fonctionne comme chronopost puisqu’il me répond, mais la situation pourtant limpide a du mal à être saisie dans son entier : Oui, l’adresse est bonne ; non, le destinataire n’est pas bon. L’une des voix, obtenue après maint changement de numéro, se veut rassurante : s’il a donné votre adresse, c’est qu’il vous connaît, il va passer prendre son colis chez vous,  peut-être même dans la journée (je remercie, écoeurée de cet optimisme béat qui_ confine à la superconnerie). Je recontacte quelqu’un d’autre au hasard des pianotages, j’épelle les 15 ou 17 numéros du « numéro du colis » à peu près lisible sur l’étiquette, à l’autre bout on me dit que ça ne correspond à rien du tout. Je m’apprête à manger l’écran le clavier la souris le colis, vois qu’il est midi, vais me faire des nouilles, calme ma faim sinon mon irritation. Dans l’intervalle l’écran a viré au noir, la souris semble morte, j’appelle le secours dépannage qui, débordant d’amitié et de bonne volonté à mon service, vient tout remettre en place (simplement renfoncer une fiche derrière l’écran). Je raconte l’histoire du colis. Le secours dépannage mon ami découvre un numéro illisible sur l’étiquette, il devine que c’est le téléphone de l’expéditeur, il lui téléphone, lui explique l’erreur : l’expéditeur va contacter le monsieur inconnu qui habite dans ma rue, à trois maisons de chez moi, le monsieur viendra dans la journée prendre chez moi livraison de son bien. Vous voyez comme quoi, avec un raisonnement ultra faux, la voix super bonne âme avait su deviner ce qui finirait par arriver à ce petit colis : il y a de ces gens dont la voyance est stupéfiante, tout de même….

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 11:18

Mea Culpa immédiat : N°2O21, ligne 6 : Lire « terminer » au lieu de « terminée », reste d’une formulation corrigée – voyez comme c’est peu gratifiant d’utiliser les restes…

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 11:08

         Ah mes belins-belines, il y avait plusieurs jours – ou pire encore ? j’avoue que je ne sais plus – que je ne vous avais pas interpellés par ces vocables appariés que je tiens de la Mère Cotivet de douce mémoire et que je vous applique avec une amicale régularité. Je devrais pourtant attacher une attention spéciale à l’emploi des apostrophes ou des formules diverses dont se constitue notre discours, car je viens de terminée un petit recueil de méditation sur le sujet. Je vous en égrène le sommaire, qui d’ailleurs peut-être sera sujet à augmentation, je n’en sais rien encore : La Parole, Sans Paroles, Un Mot, Les Mots, Bégayer, l’Elocution de la Tante Porphyre. Vous voyez le topo, qui pourrait s’analyser comme une sorte d’observation en fin de parcours du matériau utilisé par la bavarde par écrit que je suis. Et je vous assure qu’il ne s’agit pas d’une résurgence de capacités, comme si j’avais pris du topset : pas du tout ! La réflexion sur le mot, la phrase, le paragraphe a toujours été une constante chez moi : même si elle ne se traduit pas par une présence automatique sous forme d’observation discussion commentaire elle est là. Libre à vous d’ailleurs d’attribuer au topset (quésaco, dirait-on au pays de Tartarin) des vertus de régénérescence : il se trouve que mon recueil de nouvelles Vivre à Deux va sortir d’un jour à l’autre, et que mon bien-aimé recueil de poèmes La Porte des Lionnes va le suivre dans la voie glorieuse (oui, glorieuse : je ne vous souhaite pas de connaître les affres de l’attente du sort d’un manuscrit, il faut croire à la gloire pour calmer les meurtrissures) de la publication, c’est-à-dire de la remise entre vos mains. Savoir ce que vous en ferez, mes belins-belines ? Voilà encore un gros point d’interrogation.

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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 15:46

         Le bon vieux carré blanc d’autrefois pouvait faire sourire, mais il ne me semblait pas inutile : il y avait des limites à imposer à certaines révélations de sexe ou de violence. Remplacé par des tranches d’âge fixées par des décideurs souvent très incompétents, les « interdits au-dessous de dix ans » offrent volontiers à des yeux impressionnables des intermèdes de cuisse légère ou des gestes de brutalité  qui annihilent toute fonction de mise en garde – à tel point qu’on est en droit de se demander ce qu’on peut bien interdire aux douze, quatorze et seize ans, puisque aussi bien le vocabulaire n’est pas filtré et ferait souvent par sa verdeur dresser les cheveux sur la tête de Monsieur ou Madame Lambda. Quand je pense aux conclusions auxquelles arrivaient les films d’avant-guerre – ce baiser final qu’on avait attendu pendant les 90 minutes du format d’autrefois -  je découvre dans le cinéma de grand-papa d’incroyables pudeurs. C’était tout ce à quoi on avait droit, et même si le baiser des Enchaînés battait le record de durée, il restait étonnamment chaste. Désormais le premier baiser est expédié dès le début du film, il a pris une espèce de voracité qui devrait faire peur aux moins de dix ans et comme il s’accompagne de déshabillages furieux, réciproques et entrecroisés, à peine la porte refermée, on a toute une initiation aux procédés du sexe. C’est comme un mode d’emploi et on nous cache de moins en moins de choses, avant même de ravager les draps et les couvertures. Le baiser qui autrefois, en somme, représentait un aboutissement symbolique d’une stratégie amoureuse réussie, devient les pages d’un manuel initiatique qui annonce le déroulement à venir, lui qui détaille avec un maximum d’originalité le déroulement de l’opération, avant pendant après, le tout bien entendu en gros plan et faisant malgré soi évoquer le jugement méprisant de Sir Alfred selon lequel les acteurs n’étaient que du bétail (et encore, il ne leur en faisait pas faire beaucoup – il n’avait pas vu les films de maintenant, prises de vue dans le détail, agrandissements à la loupe, enregistrement méticuleux des sons et bruits divers…). Il aurait une crise d’apoplexie s’il suivait Daewood par exemple, avec commentaire et conseils pour la fellation – le mot lui-même était ignoré il y a cinquante ans dans le public Lambda, alors que dire du spectacle de la chose ? On ne devrait pas s’étonner que la sentimentalité, le romantisme, le badinage romanesque quelque peu naïf n’aient plus place dans le bagage adolescent.

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