27 novembre 2012
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…Oui , c’est une honte,
disais-je hier en évoquant avec virulence la féminisation hilarante de professions auxquelles on n’accédait pas autrefois. Etre docteur, professeur, auteur, voire boxeur, sénateur ou laboureur ou
encore sauteur ou coureur dans les disciplines athlétiques, cela peut se faire, croyez-moi, sans que l’individu désigné (suis-je obligée d’écrire « l’individue désignée » ?)
souffre dans son ego de femme : les Romains si fiers de leur virilité ne souffraient pas davantage quand on désignait leurs professions – nauta le marin, poeta le poète, scurra le bouffon –
par des vocables à terminaison féminine. Ce prurit de féminisation à outrance sonne chez nous comme une revendication incapable de s’exprimer autrement... Et l’addition d’un E terminal est d’une
ridicule pauvreté. Ecrivaine, auteure, si cela contente les insatisfaites de leur statut actuel, c’est vraiment que leurs ambitions ne visaient pas des sommets. Madame le Maire, Madame le Juge,
Madame le Procureur, Madame le Substitut, Madame le Conseiller, tout cela est de bon aloi, et témoigne précisément d’une belle performance : c’est fort bien, Mesdames, d’avoir réussi à vous
hausser parmi les autres, les mâles déjà installés là depuis longtemps, bravo à vous ! Mais il faut croire que l’élan est donné, que le pli est pris : j’ai appris hier qu’on disait –
très officiellement puisque c’est même au niveau universitaire – la cheffe de section, ce qui est le comble de l’absurdité. En vérité, si mon restaurant venait de gagner son étoile, je
supplierais le Michelin qu’on ne m’y appelât point de ce titre dépréciatif propre à faire fuir la crédibilité en mes talents …
lucette desvignes
26 novembre 2012
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A mainte reprise déjà, mes
belins-belines, vous m’avez entendue tempêter – oui : donnant de la voix et du sarcasme avec vigueur – contre ces extensions abusives et ridicules d’un féminisme mal géré qui finissaient par
ajouter le E des revendications illusoires à tous les noms de fonction, comme s’il suffisait de cette adjonction pour sauter d’un seul coup les étapes d’une masculinisation dérisoire. Que l’on
réclame la rémunération identique pour deux fonctions identiques accomplies indifféremment par homme ou femme, rien de plus naturel, rien de plus logique : l’égalité de salaire paraît
vraiment la plus simple des demandes à satisfaire, elle ne soulève rien d’autre que des objections d’ordre économique ou financier. Que la parité soit un idéal à atteindre sur les listes
électorales, certes aussi : s’il y a des appétits féminins pour s’engager dans la voie de la turpitude et de la compromission, de la langue de bois et de l’agitation vocale et gestuelle sans
résultat, libres à eux de se trouver apaisés par l’application d’une loi de nivellement sexuel récent. Là où je m’insurge, c’est de constater qu’une féminisation à outrance gauchit le vocabulaire
en passant par-dessus toute évidence : c’est déjà honteux de dire « la juge » (dans mon enfance on corrigeait avec force les ignares qui disaient « une professeur ») ou
« une architecte » même si on a le droit de dire « la préfète » puisqu’on a recours à une étiquette inédite, ou « la
déléguée », ou « la conseillère » puisqu’on ne fait là que suivre le tracé usuel et déjà existant; oui, c’est honteux de féminiser à tout crin des métiers que les femmes ont
acquis le droit d’exercer, comme un métreur ou un procureur. Je garde pour demain la fureur rentrée qui se libèrera en abordant l’adjonction triomphante et automatique d’un E qui gomme par magie
toutes les inégalités anatomiques.
lucette desvignes
24 novembre 2012
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L’art des tribuns consiste
essentiellement, en face d’un public pas forcément en sympathie au début, à susciter dans ce public l’adhésion par l’adéquation parfaite et dynamique
des grandes idées exposées et des termes irremplaçables auxquels personne ne peut résister, comme une marche militaire qui vous fait emboîter le pas
malgré vous, sauf si vous êtes vraiment une forte tête. N’est pas tribun qui le prétend, ni qui s’y essaie. Nous en avons eu tout un éventail d’exemples ces dernières semaines : même avant
que les affrontements vocaux ne se soient réduits à une dualité farouche et meurtrière, nous avions eu des interventions qui prétendaient jouer un rôle déterminant dans la solution de la crise
(ainsi entre autres une dame blonde qui s’est, vibrante brebis prête à tous les sacrifices, présentée en toute modestie comme un symbole de
rapetassage entre deux morceaux de vêtements déchirés : elle seule saurait faire la couture, disait-elle, mais on ne l’a pas écoutée). Quant aux
deux artistes dont les voix se sont fait entendre – le ténor clamant dans l’aigu, le baryton dans les graves et la gravité, sans sourire – c’était intéressant de décortiquer leurs discours au fur
et à mesure de leur déroulement : à l’endroit on n’entendait parler que du salut de la France, de sa sauvegarde, de sa survie ; mais à
l’envers il fallait déchiffrer haine de l’autre, jalousie, désir de triompher à tout prix, orgueil démesuré ne tenant aucun compte des limitations individuelles, envie de meurtre. Je crois que
cela a fini par se voir, mais il faut dire aussi que ce n’était pas caché bien profond. Toujours est-il que ténor et baryton sont renvoyés dans leurs goals en attendant qu’on statue sur
leurs performances sportives. Certes on ne donnera pas bien cher de leur peau par la suite, ils vont peut-être devoir se présenter à l’ANPE, mais c’est leur pauvre peuple qui souffre surtout,
humilié du spectacle, ébranlé dans ses convictions
et se demandant comment tout cela va finir.
lucette desvignes
23 novembre 2012
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Il y avait une
fois, dans l’ouest sauvage, des tribus qui vivaient en dehors de la civilisation et ne se connaissaient qu’à l’intérieur de leurs ethnies.
Naturellement, lorsque l’une d’entre elles arrivait en contact avec une autre, c’était rare qu’elles puissent s’entendre et se supporter, car leurs serre-tête en plumes n’étaient pas
confectionnés avec les plumes des mêmes espèces d’oiseaux. Quelquefois, tout de même et par nécessité, elles s’entendaient, parce qu’il s’agissait de faire front contre une troisième, de lui
prendre ses terrains de chasse, de la repousser le plus loin possible ; mais en dehors de ce cas d’espèce les tribus suivaient seulement les ambitions ou les caprices de leurs chefs
respectifs et marchaient comme un seul homme derrière eux. Or voilà qu’une nouvelle fois deux chefs s’affrontaient à mort : et certes il y avait eu déjà des combats de chefs dans le passé,
et des coups tordus et des trahisons en tout genre, mais de ce calibre-là jamais encore. Les tomahawks étaient non seulement brandis mais lancés, les flèches fournies par les lieutenants au fur
et à mesure qu’elles étaient envoyées à la volée, et personne ne s’arrêtait malgré le sang qui coulait des blessures, malgré la consternation des membres des deux tribus qui voyaient les forces
des chefs s’entamer et se réduire. Les commentaires des sages ne servaient à rien puisque les chefs n’écoutaient pas ; aussi eut-on finalement recours à un vieux sachem qui fumait sa pipe
tranquillement dans son coin (un des quatre coins de l’hexagone : je viens encore de trouver l’expression dans le journal local diffusé sur Internet, et je garde précieusement cette preuve
contre les incrédules qui répètent que j’ai forgé la formule pour pouvoir me gausser des journalistes, eh bien non, c’est vrai). Une fois arraché à sa contemplation sereine, il faudra bien qu’il
partage sa fumerie avec les autres : il a déjà prévu un gros calumet mais ce n’est pas dit que ça suffira.
lucette desvignes
22 novembre 2012
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J’aime les débats d’idées.
J’aime voir s’affronter les conceptions du monde, les visions philosophiques, les systèmes concernant les relations entre classes ou individus. Deux ou trois fois par semaine j’ai mes rendez-vous
télévisés, j’aime entendre les arguments en contraste claquer comme des fouets, et j’ai même l’impression, les jours fastes, que l’on peut entendre les esprits s’aiguiser et s’affiner au fur et à
mesure qu’ils s’imposent. Donc j’aime. Pour autant je n’aime pas les combats de coqs, avec leurs ergots armés, leur éperonnnage de tarses, l’énergie guerrière qu’on a développée chez chaque combattant pour le simple amour de la cruauté stupide. La force brutale, la force assassine, l’entêtement à triompher même si c’est pour mourir,
l’aveuglement servant tout seul à résumer chaque bête, ce sont là des choses navrantes, même si elles peuvent être considérées par les amateurs de ce sport comme essentiellement reliées à des
impératifs financiers. Les combats de chefs en ce moment, déployés dans toute leur splendeur, proposent une variante inédite. On en avait déjà vu, bien sûr, et de sanglants. Mais cette fois-ci le
spectacle est complet, nourri qu’il est d’éléments dramatiques en succession. Les rebondissements succédant aux lenteurs d’une comptabilité artisanale impossible à certifier étoffent le schéma de
base, fournissent le suspens, déclenchent les réactions meurtrières : cette richesse en vis dramatica dont mes subtils enseignements ont dû vous
donner les réflexes d’analyse déborde par son abondance du côté de la vis comica, autre pôle de mes instructions esthétiques, même si ce n’était
guère prévu dans le panorama électoral. On va creuser encore un peu si vous le voulez bien.
lucette desvignes
21 novembre 2012
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Quelle que soit la nature d’une œuvre – roman, série télévisée, film, pour ne parler pour l’instant que des productions
reliées à l’expression littéraire et non à l’expression plastique – c’est en fonction des mêmes critères de base qu’on doit la juger : équilibre, cohérence, aisance du déroulement, qualité du dialogue, maintien régulier voire croissant de l’intérêt, vérité psychologique…Naturellement, à l’intérieur de chaque
catégorie, d’autres critères s’imposent, qui varient à chaque fois et dont le public n’est pas obligé de prendre conscience, lui qui ne réagit qu’à l’impression d’ensemble sans considérer le
travail de coulisses. J’ai suivi hier avec plaisir le déroulement d’une intrigue policière sanglante – les morts violentes se succédant avec ces mots « Tu m’as menti » écrits sur le
corps des victimes avec leur sang - tandis que le suspect N°1 qu’on suivait en pratique pas à pas avait absolument toutes les raisons de se faire soupçonner et arrêter. C’est là encore une
idée originale et féconde de faire suivre le développement de l’intrigue, voire les divers paliers d’une enquête, par quelqu’un étroitement
mêlé au renforcement des accusations contre « l’homme à abattre » : il y a intense satisfaction à découvrir, soit peu à peu au gré de
soupçons subtilement agencés, soit brutalement in fine par une révélation de dernière minute, que
l’enquête a été « doublée », même parfois précédée, en tout cas contrariée, par les agissement d’un des enquêteurs. Rien ne peut être aussi solide que l’agencement d’un piège ou d’un
complot, surtout s’il dure, par l’officiel chargé de faire toute la lumière sur ces meurtres en série. A condition de faire un sans faute, en particulier dans l’élimination des victimes. Or, dans
ce Je t’aime à te tuer d’hier soir - pas un chef d’œuvre, mais intéressant à suivre – il reste un nœud,
au milieu de toutes les motivations de meurtre qui poussaient l’enquêteuse canadienne à tuer : qu’est devenu le cousin taré, au milieu de toutes ces femmes poignardées ? D’avance je
plaide coupable si j’ai manqué quelque chose : j’avais, depuis le grand matin, une journée très tonique, mais très fatigante derrière moi…. Aurais-je eu quelque baisse de tension ? Si
un de mes belins-belines a une précision déterminante à me donner…Grazie mille, comme on dit en italien.
lucette desvignes
20 novembre 2012
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Je viens de prendre conscience,
mes belins-belines, de la variété des sujets que j’ai abordés pour vous toutes ces dernières semaines. Je m’explique. Quand j’essaie de décortiquer dans votre intérêt les raisons pour lesquelles
un film ou un spectacle est de qualité (ou tout aussi bien dans quelle mesure il l’est : les résultats partiels sont très souvent pleins d’enseignements), je le désosse et le dissèque à
partir de critères qui sont peu différents d’un domaine à l’autre. C’est qu’ils ont fait leurs preuves, ces critères, depuis des lunes, exactement comme ceux qu’on utilise pour les sciences,
qu’on définit parce qu’elles doivent posséder un objectif propre et une méthode propre. Vous avez pu constater, au fil de nos entretiens, que de manière déroutante peut-être pour vous (mais
j’espère bien que non, et que seuls sont concernés par cette perplexité les deux du fond de la classe qui n’écoutent jamais) je passais facilement d’un domaine culturel à un autre ; par
exemple d’un roman à un programme de télévision ou à un film, ces derniers n’étant pas des adaptations du premier mais des rencontres fortuites – je me réserve pour vous parler des adaptations très prochainement. C’est peut-être une façon personnelle de juger, de porter des jugements (avec un coup de dents tout prêt à
l’occasion), mais j’aime porter sur les œuvres quelles qu’elles soient un regard polyvalent – oui, comme dans les petites communes la salle polyvalente qui sert aussi bien pour un tournoi de
basket ball que pour le bal des pompiers, pour une conférence avec diapositives ou comme salle de vote quand le peuple est appelé aux urnes. Polyvalence au prochain numéro…
lucette desvignes
19 novembre 2012
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A quel niveau
l’étiquetage « Série B » s’établit-il ? Est-ce quelque chose d’officiel, comme il y a les officiers et les sous-officiers, dont les responsabilités et le traitement sont
ouvertement en rapport ? Fait-on intervenir l’accueil par le public, donc le nombre d’entrées en salles ? Ne croyez pas, mes belins-belines, que je me sois lancée dans une étude
circonstanciée de la question : en général, lorsque tel titre de film qui me tenterait se trouve classé selon cette catégorie dépréciative et
rigide (ainsi tous les films de Randolph Scott, et bien d’autres), je cherche fortune ailleurs. Je ne me laisse attendrir que si la critique y ajoute un correctif : « petit film de
Série B, mais joliment joué et à (re)découvrir » - la vision n’aboutissant pas d’ailleurs forcément à la satisfaction annoncée. Je soulève le problème à la suite d’une avalanche de films
dont Mitchum est le centre ces temps-ci, à croire qu’on prépare sa sortie hors de ce monde. Jusqu’à trois par soirée – de quoi se régaler si on est amateur, ce que je suis. Les Don Siegel et
autres de même farine, que je ne connais pas, me poussent à faire un effort : il y a peut-être du bon ici ou là dans ces productions mineures. Ma bravoure vient d’être récompensée :
après Racket, assez minable bien que de Nicholas Ray, j’ai pu voir dans Fini de rire (dont le seul attrait était la VO), Mitchum recevoir une pâtée comme on a peine à l’imaginer.
Maintenu par deux braves pour laisser le chef s’en donner à cœur joie, je l’ai vu cogné, le ventre défoncé, le visage tuméfié, les reins cassés par les coups de pied une fois tombé à terre,
chacun y allant de sa petite participation à la rossée, puis fouetté à coups de ceinture comme un coupable et enfermé dans la salle des machines d’un bateau dont les tuyaux crevés crachaient la vapeur (lui tenait bien le coup malgré la température, peut-être même cela lui était-il bénéfique, car il s’en échappait ruisselant pour reprendre
la lutte), et c’était trop de présomption de sa part car on va cette fois lui injecter en intraveineuse une solution qui lui fera perdre la mémoire (donc l’empêchera de dénoncer le trafic qu’il a découvert) en assurant sa mort au bout de l’année. Les sauveurs arrivent à ce moment précis, eh bien mon Mitchum reprend la castagne, frais comme un gardon, pas une marque sur le corps comme s’il sortait
d’un commissariat.. Comme on dit dans le monologue des Conscrits de Saint-Marciau : « Au tombe roide mort, au se r’lève point de mau ! » J’étais bien soulagée…
lucette desvignes
17 novembre 2012
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Je n’ai pas l’intention de faire
ici une étude exhaustive des schémas dramatiques des séries policières dont nos petits écrans sont assaillis dès que nous tournons le bouton sur ON : il me faudrait y consacrer un temps que
je n’ai pas, une patience pour la recherche que je n’ai plus et sans doute un sérieux de connaissances en la matière que je n’ai jamais eu, au-delà d’un facile dilettantisme. Pourtant, je ne peux
guère repenser à cette trop brève liste que j’ai donnée hier d’idées géniales dont la rareté fait tout le prix sans considérer que je fais un grand tort à Agatha Christie – encore elle – bien que
je l’aie déjà mentionnée avec grande louange. L’idée d’avoir fait prendre pour une présence humaine la simple audition d’une voix enregistrée doit certes lui être attribuée, mais il ne faudrait
pas pour autant négliger une autre idée elle aussi révolutionnaire sous sa plume et promise à une aussi belle fortune : je pense au schéma dramatique des célèbres Dix petits nègres, avec ce rassemblement de dix personnes étonnées d’une invitation pareille et de toute évidence condamnées puisque un individu disparaît
chaque jour, en même temps qu’une des dix petites figurines qui décorent le salon (pour la vérité de l’histoire, en Angleterre il s’agit de petits Indiens). Non seulement l’angoisse devient
chaque jour plus étouffante, exacerbant les soupçons et les haines, mais mathématiquement le compte devient surréaliste – jusqu’au bouquet final qui révèle que l’un des assassinés n’est pas mort
et demeure au contraire le fomentateur d’une magistrale mécanique d’extermination des autres. Même quand on a vu mainte fois ce schéma, il marche toujours, puisqu’il ne se révèle qu’en fin de
parcours. Le Six Hommes morts de Stanislas A. Steeman n’est-il pas une savoureuse preuve de réemploi de l’idée de base ?
lucette desvignes
16 novembre 2012
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Sous peine de se répéter, ou carrément de se copier les uns les autres, les scénaristes des séries policières doivent se battre les flancs pour trouver des
intrigues originales, des problèmes dont la solution ne s’impose pas trop vite, des énigmes qui puissent encore avoir quelque saveur et quelque intérêt pour un public devenu difficile à force de
consommation de polars en tout genre. De même qu’à force de lire, dans les tumultes des années 68, des romans fantastiques ou d’anticipation tous azimuts pour pouvoir tenir le coup dans les
discussions avec mes étudiants (car c’était là leur base de culture), je m’étais mise à admirer la pertinence et l’originalité de récits d’autre part mal écrits ou sans profondeur (mais marqués
au coin d’une imagination merveilleusement extravagante), de même j’admire, même si la réalisation télévisuelle se trouve défaillante, les schémas dramatiques qui réussissent à sortir de l’ordinaire. La géniale invention d’Agatha Christie qui dans Le Meurtre de Roger
Ackroyd faisait pour la première fois intervenir l’enregistrement d’une voix derrière une porte, lequel faisait croire à la présence du possesseur de la voix à un moment où il était bien
loin donc hors de soupçon, a connu toutes les variantes possibles mais elle reste géniale. Faire d’une femme le criminel ou le vampire, voilà aussi une idée maîtresse, mais elle a eu le temps de
s’user… Il y en a comme cela quelques-unes, comme celles qui consistent à jouer sur le sexe du suspect – en vérité, il y a de plus en plus d’homosexuels auxquels les scénarios ont recours pour
embrouiller les pistes (mais avec de moins en moins d’efficacité, car le public s’habitue). Je médite sur l’originalité de ces suggestions parce que j’ai trouvé hier dans un frigo norvégien un
buste de femme sans tête fort capable d’orienter le policier norvégien sur une fausse piste, étant donné que c’était le torse d’un transsexuel à peine sorti de ses opérations chirurgicales…Je
doute que l’idée soit souvent reprise…
lucette desvignes