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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 11:07

   Ah! mes belins-belines, vous les connaissez les bourgoeois de Calais : en chemise, la corde au cou, regardant déjà la mort dans les yeux, d'où leur maigreur et leurs joues creuses. Pour ce qui touche à la maigreur ou aux joues creuses,  je n'ai rien d'eux. Mais regarder la mort en face, je le fais comme eux, pourvu qu'elle n'ait rien d'imminent (comme pour eux, les pauvres otages) et qu'au fond elle se manifeste le plus tard possible, comme pour tout un chacun. A part ça, en chemise et la corde au cou, c'est moralement ainsi que je me présente à vous aujourd'hui : les plus fidèles d'entre vous ont dû hier, sinon se résigner à ne point recueillir de moi la bonne parole, du moins constater que ma voix s'était faite muette. Oui, je suis coupable, coupable de manquement à mes devoirs du vendredi (horreur ! il ne s'agit même pas des absences du week-end) et même doublement coupable. Car, mes belins-belines, de toute la journée d'hier je n'ai pas eu vers vous la moindre pensée... Depuis le grand matin occupée de mon déjeuner recevant mes amis, ^portant les grands crus aux températures idoines,,raffinant sur le menu, préparant les entrées avec minutie, inventant des récipients suffisamment grands pour les volumineux "bolliti" à l'italienne, veillant à la table et au couvert, évoluant avec la grâce qui me caractérise entre les piles d'assiettes, les tables de travail toutes occupées, les plats à fromage à garnir avec tous les couteaux ad hoc que j'ai pu récolter au cours des âges et dont je ne peux même pas conseiller l'usage faute d'avoir gardé la notice d'emploi (sans doute d'ailleurs était-elle directement traduite du chinois, donc incompréhensible comme toutes les autres bien qu'exprimée en vingt sept langues, Europe oblige). Et le timing, mes belins-belines! En voilà une chose qui compte! Laisser à chaque plat l'espace-temps de la dégustation tranquille mais ne pas laisser à l'impatience la moindre brèche où s'enfiler, servir le plat suivant à son optimum de chaleur et de parfum, mais sans avoir l'air de bousculer les conversations... L'art de vivre, je vous dis! Mais naturellement à la condition de se concentrer sur chaque minute, sur chaque seconde. Ce que je fis dignement et haut la main, sans pouvoir m'embarrasser les méninges ni la mémoire de votre existence, mes agneaux... Votre souvenir s'impose à moi aujourd'hui : ne pleurez pas, je vous revaudrai vendredi dès demain : et vous savez comme je suis à l'aise avec la succession des jours au calendrier... Donc, à demain dimanche!

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