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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 16:21
Les gens quelque peu au courant de mon théâtre et de sa publication (j'en compte quatre ou cinq, c'est pas si mal, au fond - I'm so easy to please, dit mon amie américaine à chaque instant, je ne vois pas pourquoi je ne reprendrai pas ça à mon compte) verront dans ce titre d'article un gros clin d'oeil à ma dernière pièce, celle parue aux USA au mois de septembre : Encore toi, Electre! Un gros clin d'oeil sonore, la couleur annoncée d'entrée (rien de comparable à ces films où paraît-il il y a des clins d'oeil incessants à Truffaut, à Godard, à Chabrol,à Rivette...- ??? -  ça c'est pour l'étagère franco-française, ou, côté américain, à Ford, à Hawks, à Huston, à Wilder - c'est peut-être moins imperceptible). Donc, gros clin d'oeil, gros effet : Encore toi, Personnage! Dame... Je vous ai déjà claironné qu'on ne devait pas savoir à quoi il ressemblait dès l'abord, j'ai insisté sur son biotope comme sur des adhérences délicates à trancher, vous me direz que ça ne vaut pas la bonne grosse description des familles qui vous dit tout de suite si c'est un avorton qui apparaît ou si au contraire c'est un bel homme. Mais je le dis! je le dis quand il le faut, pas avant. Par exemple, lorsque Jeanne, au repas d'enterrement du Père à Bourg, a entamé avec M. Barandelle une conversation décisive, elle ne fait attention - et c'est normal - qu'au son de sa voix grave. C'est lorsqu'il la quittera, avant la fin du déjeuner qui traîne, qu'elle remarque comme il est grand. Est-ce que ça ne nous suffit pas de le découvrir peu à peu, comme elle le fait, sans aller plus vite qu'elle? Maintenant si vous tenez à tout prix à savoir, dès la première rencontre dans un roman avec un personnage mâle ou femelle, ce qu'il a de bien et de pas bien, pourquoi ne pas non plus lui attacher au cou une pancarte avec l'énoncé de ses qualités morales? Attention! çui-là c'est un méchant, un fourbe, un sadique. Celle-là c'est une pauvre fille, elle a pas d'énergie, elle a pas de squelette, elle va se faire avoir à tous les coups, et çui-là encore c'est un brave garçon, y va se faire rouler dans la farine, pas assez méfiant avec ses beaux yeux noirs et ses cheveux frisés, et la belle-mère, là, avec ses lunettes et son chignon, une vraie belle-mère tiens donc, on peut s'attendre au pire rien qu'à la regarder.... En plus, quand on vous décrit un détective que vous allez retrouver dans d'autres bouquins, c'est bien de lui donner un signe distinctif : par exemple une mèche qui a repoussé blanche au milieu de ses tifs couleur corbeau depuis qu'il a reçu sans en mourir un coup de couteau à la tempe, et si en plus de ça il est fait allusion à sa femme qui est muette c'est parfait : d'un livre à l'autre vous avez l'impression de vous retrouver en territoire connu. Et alors? Qu'est-ce que ça vous apporte? Est-ce que ça explique l'insistance à décrire le physique du gars de la morgue, du médecin légiste appelé sur place, du témoin, de la maîtresse du mort? Je vous dis ça en catastrophe à propos d'un polar, car c'est souvent dans les polars qu'on a cette pléthore de portaits de gens qui apparaissent pour une seule petite prestation et puis qui disparaissent parce qu'en vérité ils n'avaient rien d'autre à faire dans le récit, mais combien de romans prétendus littéraires vous peignent des portraits léchés pendant lesquels vous vous ennuyez mortellement? Vous me direz qu'il faudrait juger sur pièce : je n'en disconviens pas, c'est une bonne méthode pour raison garder. Mais vous devriez aussi me dire, vous, si vous me suivez dans mes exemples. Cinéma, théâtre, romans des autres ou de moi, j'aimerais être sûre que ça suit, derrière. Sinon, à quoi bon, mes belins-belines? Allons, une petite caresse aux minous qui attendent, et à demain.
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