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28 décembre 2016 3 28 /12 /décembre /2016 11:42

         Les gens célèbres sur la planète de nos divertissements nous faussent plus ou moins paisiblement compagnie comme tombent les feuilles mortes. Des grands noms aux yeux inoubliables, des comédiennes à l’élégance ultra parisienne – mondaine et écervelée, ne comprenant pas toujours ce qui se passe,  du genre « Ma biche, soyez belle et taisez-vous » indispensable aux côtés du petit homme irascible et trépignant qui réussissait (mais pas toujours) à donner envie de s’esclaffer devant les scénarios les plus plats, les plus vides ou les plus extravagants du cinéma français. Des chanteurs aussi, dont le départ plonge des milliers de fans dans l’affliction et relance la vente forcée de leurs albums récents ou déjà introuvables. Il y a une curieuse tendance, parmi ces publics que la télé abreuve d’horreurs et de catastrophes, à se recréer un petit domaine alternatif où règnent le chant, le jeu, le dialogue, la grâce, l’aventure, l’oubli de sa condition présente, et où les monstres sacrés sont proches, familiers, presque au tu et à toi avec chacun : une sorte de contraire de la réalité, une refabrication d’un monde de sentiment, de romantisme, ou peut-être tout simplement de bonne humeur. Miraculeux impact des gens du spectacle sur les vies médiocres…Mais il y a des gens rétifs – et cela peut se comprendre  Du temps du grand Charles, l’un de ses amis (j’ai oublié son nom, mais c’était un de ces grands noms de la vieille France qui se dévissent) avait une chronique hebdomadaire où on l’interrogeait sur l’actualité. A la question « Qu’avez-vous pensé de la mort de Martine Carol ? » il avait dit, après un instant de silence où il avait l’air de chercher en vain en lui quelque écho utilisable, quelque trace de quelque vague chose à mentionner : « Mais rien, absolument rien… ». Il n’avait pas dit « Qui est-ce donc ? », mais c’était tout juste. Et j’avais trouvé ce jugement  accablant finalement fort compréhensible.

 

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commentaires

A
Je trouve que Mozart est mort trop jeune, et Frédéric Bazille, et une foule d'innocents (n'est-ce pas leur journée, en ce 28 décembre?) dont on ne connaît même pas le nom, pour lesquels on s'émeut si peu et parmi lesquels il y avait sûrement des Mozart et des Bazille
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D
C'"est une pensée très touchante que d'opposer ces Saints Innocents à toutes ces célébrités qui ont connu toutes les jouissances de la gloire, alors qu'eux ont été brisés (par le martyre ou par la vie) sans avoir pu donner leur plénitude, s'épanouir, livrer aux autres ce qu'ils avaient en eux de précieux et dopnt ils faisaient don au monde. Je ne suis pas surprise que cette délicatesse du coeur vienne de vous, chère Adrienne. Heureuse fin d'année pour bien démarrer la nouvelle! Et toute mon amitié.

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