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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 08:16

         Naturellement, mes belins-belines, futés comme vous êtes, vous avez bien compris que je ne vous ai présenté hier que quelques réflexions rapides sur les traits communs de ces films qui précédaient même le cinéma de papa. Il y a inévitablement, au niveau des scénaristes ou des metteurs en scène, à la fois un désir brûlant d’originalité et une envie de reprendre des thèmes dont on s’est aperçu qu’ils fascinaient le public. En particulier, des enseignements qui dépassent l’exemple retenu comme modèle, ou comme source d’inspiration, pour apparaître comme une fonction cinématographique spécifique, passent d’un style à l’autre, parfois réinventés parfois copiés : je pense à ces gestes répétitifs synchronisés qui traduisent de manière frappante l’activité collective (en général soutenue par une foi partagée). C’est en effet un des apports les plus remarquables du cinéma soviétique, et ce film mineur de King Vidor cité hier s’en trouve innervé dans un  de ses meilleurs moments, où les expulsés de partout rassemblés sur le terrain de l’un d’entre eux pour créer une coopérative agricole se mettent à piocher pour amener l’eau à leurs cultures : le geste de piocher indéfiniment répété selon une synchronie parfaitement décalée traduit la force de l’unanimité dans la conviction et l’enthousiasme et produit un effet irrésistible. A tel point que cette répétition synchrone en décalage est devenue un poncif : je pense par exemple aux Gens du Voyage, de Jacques Feyder, où la magie de la formule s’appliquant à tous les piquets plantant les poteaux d’installation du cirque en décalage parfaitement réussi devient le symbole du dé^placement des forains d’un spectacle à l’autre. On comprend qu’au moment de cette découverte la leçon n’ait été perdue pour personne.

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