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23 mai 2016 1 23 /05 /mai /2016 09:45

         Quand un film est bon – de structure, d’idée, de développement, de vérité d’acteurs – c’est comme pour un bon roman : vous pouvez le relire sans dommage, vous y trouverez toujours quelque chose de nouveau pour retenir votre intérêt. Je mets Fenêtre sur cour (ainsi d’ailleurs que  Vertigo , malgré la grande faiblesse de la fin) parmi les bons films, qu’on a plaisir à revoir plusieurs fois. J’ai glané hier, à partir d’une histoire dont je connaissais tous les développements, plusieurs zones d’intérêt auxquelles je n’avais pas prêté attention auparavant mais qui étoffent singulièrement l’intrigue. Par exemple le fait d’avoir donné le contre-pied de l’enquête (celle du voyeur, qui gagne si facilement sa fiancée et son  infirmière) à l’ami flic qui patiemment démolit ses hypothèses jusqu’au moment où, convaincu, il décide d’intervenir (et c’est de justesse). Ou encore cette longue profession de foi du reporter célibataire endurci par une vie d’aventure et d’errance, qui hésite à épouser une mondaine cantonnée dans les magazines de la bonne société : pour qu’elle se mette elle aussi à collaborer, même fort audacieusement, au déroulement de l’enquête, il a suffi d’une nuit dont on nous montre brièvement – et pudiquement – les chaussons de satin enrubannés et la nuisette d’une vaporeuse légèreté…Dans cette confrontation sous-jacente à l’intrigue criminelle qui se déroule dans l’appartement d’en face, le résultat est acquis après que les armes de la femme ont été déterminantes : mais si l’homme se rend, c’est aussi parce que la femme se révèle passionnée par le fonctionnement d’une enquête dont elle n’admettait guère qu’on pût y trouver matière à profession honorable… L’imbrication de ces deux lignes essentielles donne un poids, une solidité réjouissante à l’ensemble, les diverses facettes des relations entre sexes qui apparaissent selon les étages et les balcons constituant une étoffe de sociologie plus théâtrale que scientifique.   Et passer la soirée au Montrachet me paraissait une initiative intelligente de Sir Alfred, mais pourquoi diable en avoir fait du rosé ?

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commentaires

D
Dame Lucette, si Fenêtre sur cour m'a toujours intrigué par son scénario à étages, c'est le rôle du voyeur interprété tout en subtilités par James Stewart, se découvrant détective, qui est la meilleure explication du cinéma moderne, le spectateur étant le principal voyeur de ces scènes...mais un voyeur impuissant puisqu'il subit la narration de sir Alfred.<br /> Il est ainsi tentant de manipuler habilement le spectateur ,"On ne sait jamais ce qu'on filme" disait <br /> fort à propos Chris Marker, par ailleurs envoûté par la mise en abyme de Vertigo, et ses faux-semblants surgis du passé.<br /> Amitiés.
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A
Par une amusante coïncidence, j'entendais précisément cette phrase-ci d'un livre audio (Claire Keegan, Foster) au moment où apparaissait votre titre :-)<br /> "I shake the plaits out of my hair and lie flat on the back seat, looking up through the rear window."
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