Quand je pense au conflit de deux forces inégales en présence, l’une que je considère avec mépris et détestation, l’autre à laquelle je réserve toutes mes tendresses parce qu’elle est la plus menue, la moins bien protégée, la plus injustement menacée dans son existence voire sa survie, j’évoque toujours cet affrontement superbe du petit David contre l’énorme Goliath. Les armes du plus faible sont les plus primaires : des cailloux, bien sûr rendus efficaces par l’adroit tir du lance-pîerres, et certes il faut l’habileté du lanceur en face des massues, glaives et boucliers rompus à l’art de l’attaque. Et le beau de tout cela c’est ce triomphe final du faible, cet effondrement de l’arrogance du mieux armé. Je guette d’une fois à l’autre les résultats de Bernie Sanders au fur et à mesure que se déroulent ces invraisemblables élections américaines : nos primaires à nous, malgré leur férocité, ne sont que petite bière en face de ces marathoniennes sélections à la fois assassines et qui ne veulent rien dire, mais qui étirées sur plus de six mois vont compter quand les votants mettront dans l’urne leur bulletin (ou - c’est aux USA - presseront électroniquement sur une masse de boutons pour faire entendre leur voix). J’ai plaisir à voir ce petit Bernie émerger vaillamment, parfois en tête dans tel ou tel coin ; il est porté par la masse des « havenots » qui se fouillent de 3 $ chaque fois qu’ils le peuvent, et il arrive à tenir en échec les « haves » qui puisent dans les poches des millionnaires soutenant les Démocrates (oh ! il y en a, là-bas). Hillary a du mal à cacher sa colère ; je suis sûre qu’elle lui en veut plus qu’elle n’en veut à Donald Trump - un comble, tout de même !