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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 18:45

         « Permettez-moi de vous féliciter, me dit à peu près toutes les semaines, avec un exquis raffinement de courtoisie, le directeur financier d’un catalogue sur lequel je fais de temps à autre une commande : vous avez gagné… » (alors suivent des sommes fabuleuses, des 25.000 €, une fois 50.000, des 8.500  - pourquoi cette singularité ? – ou des 15.000, des 6.000, des 4.350 – là encore, on s’étonne – jusqu’à atteindre le pur et simple pourboire, 7 ou 8 €, qu’il appelle modeste participation aux bénéfices). Cela au seul niveau des annonces : je n’ai bien entendu jamais gagné autre chose que des queues de poires, une fois il me manque le bon numéro, une autre fois j’avais bien le numéro gagnant mais je le partageais avec une autre félicitée et c’est elle qui empochait et non moi… bref tous les cas de figures envisageables se succèdent et les félicitations cessent dès qu’on me découvre comme loser (et je vous assure qu’en américain le terme est chargé d’un lourd mépris). Reste cette délicatesse à me demander permission pour me féliciter. De quoi me faire sentir honteuse : est-ce que je vous demande des permissions, moi ? Il est peut-être temps que je m’améliore… Aussi vais-je vous demander l’autorisation de vous parler de mes chats. Hier soir, en cercle autour de mon livre, de la place pour trois sur ma table : deux corbeilles en polaire douillette, entre les deux un vaste espace occupé par un doux molleton. Les corbeilles sont occupées, même si Maxence (qui pèse sept kilos) déborde de tous côtés. Mais il usurpe, c’est la place de mon Hysope. Qui saute sur la table, constate les faits, se tourne vers moi pour que j’intervienne. Non, non ! débrouille-toi ! Donc elle se  débrouille. Elle s’avance jusqu’à ses aîtres, vient frotter son nez contre celui de Maxence, donne un minuscule coup de langue. Maxence ouvre les yeux, juge la situation, me regarde – débrouillez-vous tout seuls ! Parfait ! il est le chef, il doit donner le bon exemple. Il bâille pour me dire « D’accord », se lève pesamment, à la Robert Mitchum, se laisse retomber entre les deux corbeilles sur le molleton (où il a d’ailleurs beaucoup plus de place) et se rendort immédiatement. Hysope s’empare de son territoire enfin libéré, reste assise quelques minutes comme pour avoir une meilleure vue des positions stratégiques, me regarde avec insistance (t’as vu, hein ? c’te autorité ?), et même un sourire  en coin ( entre femmes, on peut s’ le dire : c’est pas courageux, du mâle !) et clôt l’incident en se roulant en un turban qui occupe deux fois plus de volume que d’habitude.

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commentaires

M
J'adore cette scénette féline.
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D
Sur les onze qui vivent avec moi en symbiose, vous imaginez bien, Michel, que je pourrais décrire des scènes de ce genre au moins trois ou quatre fois par jour...
A
Je reconnais tout à fait!<br /> J'ai eu des chats... tous uniques et différents. Vous en parlez bien :-)
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D
Tous uniques et différents, oui... Je ne saurais vivre sans eux, ils me parlent je leur parle, nous nous comprenons à merveille et chacun a sa manière de me témoigner son amour.

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