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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 10:42

         J’ai revu avec plaisir le « God knows, Mr Allison » (Dieu seul le sait) de John Huston. Je n’aime ni les films de guerre (sauf s’ils défendent une grande idée allant de pair avec mes indignations permanentes) ni les films d’aventure où seule compte l’action, et ce film se passe pendant la guerre du Pacifique et compte dans son déroulement pas mal de paliers qui en feraient facilement un film d’aventures. Mais je l’aime à cause de ce tête-à-tête savoureux du Marine pur jus et de la nonne de la plus pure eau forcés de vivre ensemble pendant des jours de détresse et d’abandon. C’étaient ces échanges que je retrouvais avec délices : chez le combattant, cette délicatesse instinctive qui d’emblée a vénéré l’habit de la religieuse, et chez la bonne sœur – si jolie : Deborah Kerr, rien de moins – cette compréhension de la rudesse de l’autre qui se fait respect et tendresse sans savoir ce qui se passe en lui. Oui, il a toutes les solutions pour le matériel et la débrouillardise, et pour le sacrifice de sa vie au moment venu, mais dès que le sentiment s’empare de la situation le voilà qui s’ouvre au questionnement le plus naïf  et le plus désireux de comprendre. Le parallélisme entre sa vocation de guerrier (en dehors de laquelle il n’y a rien) et la vocation de la religieuse (qui est tout aussi exclusive) se développe pas à pas, évoluant vers la tendresse, finissant par poser des questions irréfutables bien que – et c’est jouissance supplémentaire pour le spectateur qu’on laisse sur sa faim – l’avenir paraisse lourdement incertain. Sur une note finale plus éclatante, c’est l’évolution des positions initiales qui charme dans Pretty Woman, et je pense même que l’ouverture de l’homme d’affaires à l’amour pour cette femme de si humble origine est bien autant passionnante, sinon plus, que celle de sa partenaire évoluant vers les bonnes manières et l’exclusivité sentimentale : Pygmalion modèle sans le vouloir celle qui sera sa compagne idéale, mais c’est  la disposition sentimentale du modeleur qui, à chaque fois, me paraît fascinante à examiner. A chaque fois, oui, car il y a quelques exemples savoureux – je vous les garde pour une autre fois.

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