Quand on voit combien lents et malhabiles à se partager le gâteau sont les Européens que nous avons choisis selon les règles d’un système faillible et peu satisfaisant pour tout décider à notre place, on peut s’inquiéter du temps que va prendre le calcul d’une répartition humaine inédite. Tant qu’il s’agissait de protéger les ressources des nantis et d’empêcher les démunis d’émerger à un niveau de compétition dommageable pour le statu quo (par exemple en exigeant un droit d’entrée dans le saint des saints exorbitant pour les plus naïfs, lequel droit d’entrée ne put s’acquérir qu’au prix de sacrifices exténuants pour les populations du sud, toujours considérées de haut), l’accord pouvait se faire – boiteux, bien sûr, mas les connivences s’y retrouvaient. Désormais, et tout au moins comme premier point à l’ordre du jour pour quelque temps, il va falloir se répartir des quotas, non plus céréaliers ou bovins ou industriels, mais bel et bien fondés sur les capacités humaines. Chaque migrant devra se présenter au conseil de révision – que sais-tu faire, qu’on puisse te caser ? (et je cite ici Camembert :
Vous êtes boulanger ? eh bien allez donc repeindre les volets de ma cuisine »- cette décision du colonel étant par mes soins rendue dans son essence et non texto). Il faudra considérer les aptitudes, mais aussi l’importance de la famille à cause des allocations à venir, et pourquoi pas aussi des religions (et alors là va-t-on regrouper ou au contraire faire une savante dispersion des éventuels troubles à venir ?). Va-t-on considérer l’état d’avancement individuel d’européanisation, au niveau des langages par exemple, ou la constitution physique pour les lourds travaux de manutention ? Certes Merkel a fait entendre le besoin de son pays de main-d’œuvre variée, mais va-t-elle du coup profiter du droit du premier regard, du premier choix, laissant les autres pays se débrouiller avec ses beaux restes ? Et qui fera le calcul des proportions d’accueil, selon le degré de richesse (qui l’évaluera ?) ou l’importance de la population (élément trompeur pour déterminer les possibilités d’accueil) ? Je prévois bien des palabres et des ergoteries avant la réalisation du projet – et que deviendront les migrants pendant ce temps-là ? v