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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 08:47

         Je ne sais pas quelle concentration peut être nécessaire de nos jours aux thésards nouvelle formule (on les appelle doctorants, histoire de les vêtir déjà d’une approche de dignité à venir) qui je crois doivent remettre leur copie en trois ans, sinon pas de subvention pour leur cogitation . Je me rappelle seulement    que j’y ai passé douze ans (et encore avait-on trouvé que j’étais bien jeune pour ma soutenance…) sans jamais me déprendre de l’obsession de cette recherche qui faisait de Marivaux le troisième membre de notre couple : non seulement les déplacements de la famille étaient fonction de l’avancée ou de la direction de mes travaux, mais encore je revois le gros volume de la Pléiade consacré à son  théâtre  sur la table des restaurants et hôtels de nos vacances … De quoi m’étonner que mes proches n’aient pas contracté une définitive allergie aux comédies que je ne me suis jamais lassée d’approfondir et de laisser retentir en moi avec leur grâce et leur subtilité lumineuse. Mais non… et comme à l’époque on jouait beaucoup de ses comédies, avec tout juste une amorce de cette mode des mises en scène forcenées qui cherchent maintenant et furieusement non pas à servir l’écrivain mais bel et bien à faire remarquer (en bien ou en mal, peu importe) l’ingéniosité vicieuse du réalisateur, la famille s’est constitué un beau bagage de culture marivaudienne au point d’en émailler parfois la conversation grâce à de petites phrases comme « Je ne sais où j’en suis » : quand elles arrivaient sur le tas, prononcées avec « l’accent du XVIIIème »,  elles sonnaient comme une tendre complicité et non pas (heureusement pour les remords qui m’assailleraient) comme une critique de ce que la recherche universitaire risquait d’imposer à la vie de famille…

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