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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 08:44

         Je n’ai rien contre le conte en tant que genre littéraire. Je n’ai surtout rien contre les Frères Grimm, ni non plus, loin de là, lorsqu’une transplantation se fait d’un genre artistique dans un autre terreau tout disposé à le laisser s’enraciner avec vigueur. Par exemple, je ne peux qu’applaudir lorsqu’un emprunt fait à une comédie anglaise ou à Shakespeare permet à Marivaux un enracinement opulent dans une nouvelle œuvre à laquelle cela donnera une teneur, un parfum, un je ne sais quoi capable de régénérer la comédie française anémiée derrière Molière. Je me plonge donc avec délices dans ce Blancanieves espagnol : on me l’annonce en noir et blanc, repris de Blanche-Neige avec ses nains (dont un méchant) selon la technique du muet, avec juste de rares cartons lorsqu’ils paraissent indispensables (ce qui souvent d’ailleurs les rend inutiles), avec des gros plans de visages forçant leurs expressions – colère, jalousie, épouvante, dédain – pour se rendre plus explicites. Ouais ! Mais quelle permanente fête du mauvais goût et  de la bêtise (voyez la grand-mère qui meurt dans sa frénésie de flamenco), l’héroïne se révélant soudain digne fille du toréador son père ! Je n’ai pas eu à me plaindre de tout ce qui avait trait à la tauromachie, moi qui en suis une adversaire militante : d’abord j’ai vu le toréador pîétiné pratiquement à mort, ce qui était une bonne chose ; ensuite je n’ai pas vu de taureau martyrisé … Mais imaginez que Blanche-Neige toréadorette mange la pomme empoisonnée au milieu de l’arène, en plein succès ! Les Frères Grimm ne s’estimeraient pas trahis, tant ils seraient loin du compte, mais ils riraient à s’en décrocher la mâchoire...

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