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14 août 2014 4 14 /08 /août /2014 11:38

         Il pleut chez nous, il a même plus toute la nuit. La terre n’a plus de poussière, il fait une douceur humide qui tonifie la peau. Je ne peux m’empêcher de penser à ces Palestiniens de Gaza qui, puisqu’on leur a promis trois jours de cessez-le-feu, sont revenus sur les ruines de leur ancienne vie, celle d’avant ces quatre semaines monstrueuses qui ont commandé leur fuite en laissant leurs morts sous les décombres. Et ils sont revenus contempler les dégâts, et ils ne reconnaissent même plus leurs rues, comme à Berlin à la fin de la guerre où les tas de pierres jouxtaient les tas de pierre, et où on était réduit à laisser des billets collés sur un chambranle de porte resté debout et servant de tableau d’affichage, pour dire : Si vous cherchez Johan X, il se trouve cinq piles de pierres plus loin à droite. Ou : Connaissez-vous Maria Y. qui habitait exactement ici et qui a disparu ? J’ai regardé les horreurs qu’on nous montre maintenant : même à la Télé française, on ne peut plus nous cacher que Gaza est en ruines et que ses morts se comptent par milliers, les journalistes tout de même sont bien obligés de nous montrer ça, même si ça déplaît à notre adjudant et à son sergent-chef des affaires étrangères (qui a découvert cette semaine seulement qu’il y avait un problème palestinien). J’ai regardé, le cœur serré, j’ai vu. J’ai vu les ruines, j’ai vu les gens. Et je pense que ce serait un peu moins ravageant si un peu de notre pluie était tombé sur ces décombres, on aurait l’impression que la nature participe à l’hébétude générale au lieu de laisser un soleil rutilant glorifier l’éclat des pierres. Même ça c’est mal fait…

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