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29 avril 2014 2 29 /04 /avril /2014 11:43

         Entre un fond d’œil (avec jets d’air piquants comme une giboulée d’avril) et une instillation de gouttes pour dilater,  puis enfin un ultime examen qu’il s’agit d’obtenir aussi satisfaisant que possible, vu les circonstances, j’utilise au mieux le temps des phases de repos pour poursuivre mon analyse des héros tragiques – pour laquelle, j’avoue, je n’ai reçu ni approbations enthousiastes ni non plus protestations irritées, ce qui m’a permis de garder le cap envisagé. Oh je m’imagine bien, mes belins-belines, que depuis votre sortie du secondaire et sauf exceptions exceptionnelles la différence de conception entre les héros cornéliens et les héros raciniens doit relever pour vous d’un pesage d’œufs de mouche sur des balances en toiles d’araignées, selon la formule que Crébillon fils appliquait à mon cher Marivaux. Et, en fait, l’ignorance de ce résultat des courses n’a jamais ni empêché le monde de tourner, ni même gêné la carrière de quiconque. Tout de même, je ne vois pas pourquoi on se gausserait d’une occasion de remettre à leur place les personnages dont les examens à coups de serpe des collèges et lycées ont ôté tout intérêt, d’autant qu’ils font partie de notre patrimoine littéraire, si chevrotant et mal parti qu’il soit. Le tragique est traditionnellement assimilé à la  chute d’une statue sur un individu qui passait par là justement : c’est dire qu’il faut analyser ses raisons d’être présent au moment de la chute de la statue mais aussi admettre l’écrasement de l’individu, qu’un accident (sur les raisons duquel il convient de s’interroger) a tout simplement rayé de la surface de la terre. Donc par définition le tragique doit comporter la mort, voire l’écrasement de l’individu. Le Titus de Racine s’arrachant à sa Bérénice  est potentiellement mort, tandis que le Polyeucte de Corneille qui a recherché le martyre a certes perdu la vie mais est tout le contraire de terrassé. Qu’on ajoute Horace  ou le Cid, ou Hippolyte victime de Phèdre, et on a un beau petit lot à étudier, comme on disait au XVIIIème… Si le cœur vous en dit…

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commentaires

L
Madame Desvignes, vous êtes la prof que j'ai toujours rêvé d'avoir.
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D
Eric m'a bien rendu service avec son lien et en parlant de moi, d'autant que les fidèles de son blog ne peuvent qu'être des lecteurs de qualité. Vive Internet, donc, pour ces mentions dont la presse, la télé ou la radio sont totalement dépourvues, soit ignorance soit réseau de combines dont les "ici mentionnés" sont exclus... Merci de me lire, Dites- moi vos impressions...
L
Mais j'espère bien ! A vrai dire, j'ai découvert votre blog en lisant celui d'Eric Chevillard. Ce que j'apprécie en lisant les blogs d'écrivains (comme Claro, de Pierre Jourde, vous...) c'est de découvrir des réflexions, des prises de positions intéressantes et variées. Mais c'est aussi de découvrir des auteurs dont je n'entendrais pas parler autrement. Internet à moins le mérite de permettre de belles découvertes !
D
Cher Laurent inconnu, mes regrets s'ajoutent aux vôtres. Je suis sûre que nous nous serions bien entendus. Et je suis heureuse que mes blogs continuent agréablement à vous offrir de l'enseignement à la petite semaine. Peut-être que vous seriez séduit aussi si vous lisiez mes livres?
D
Je l'avoue, Racine et Corneille m'ont toujours laissé froid ; mais raconté avec votre verve habituelle, c'est tout de suite plus goûtu !
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D
C'est bien ce que j'imagine parmi mes belins-belines, donc votre appréciation m'encourage à continuer! Vous direz quand je vous raserai, n'est-ce pas? N'y manquez surtout pas...

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